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dimanche 28 août 2016

Canicule, incendies, catastrophes et Alzheimer !

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Après les incendies de 1965 entre Bormes et la Cap Bénat
Nous n’avons pas de mémoire. Nos sociétés n’ont pas de mémoire, et les médias tout info, instantanés, qui enfilent les catastrophes et les « breaking news » comme des perles, y sont pour quelque chose.
Prenez la « canicule ». C’est comme si fin août en France, il n’avait jamais fait chaud ! Et puis comment font les 2/3 de l’humanité qui, rappelons-le quand même, vivent dans des pays « chauds », c’est-à-dire plus chauds qu’à Paris ou Londres ? Lorsque Christophe Colomb a découvert les Antilles, il a décrit leur climat comme « aussi doux qu’un printemps en Andalousie ». C’est dans ses récits de voyage. Il faut dire que l’été en Andalousie, vers midi, on pourrait faire cuire un œuf par terre. Sauf qu’il faudrait être fou ou touriste, pour mettre le nez dehors entre midi et trois heures. Curieux que les andalous arrivent ainsi à vivre, sans plan canicule ni conseils donnés par les « experts » santé ou climat de BFM TV, Itélé, et autre LCI. Et cela n’est pas nouveau, et n’a rien à voir avec le réchauffement climatique.
Nous manquons de perspective(s), nous manquons de culture, et puis, nous manquons de mémoire. Tout événement nous est présenté comme exceptionnel, hors norme, apocalyptique. Ainsi 36 ° C en Europe de l’Ouest fin août ? Eh ! bien, si l’on réfléchit bien, en se souvenant par exemple d’événements familiaux marquants, comme la naissance d’un de ses enfants, eh ! bien on peut se souvenir qu’il y a 25 ans, il faisait 36 ° C à Berlin le 24 août. Et personne sur place n’avait déclenché l’état d’urgence. Il est vrai qu’à Berlin, en été on va se baigner, les forêts y sont nombreuses, les lacs également et baignables! Ce qui par rapport à Paris, évidemment change tout !
Manque de mémoire ? C’est la même chose avec les incendies.
Il y a quelques jours ceux de Vitrolles ont été décrits comme «apocalyptiques». Bien sûr, pour les habitants de la région, tout incendie est un cauchemar, et la désolation continue encore longtemps après les feux. 2000, 4000 hectares brulés, c’est toujours trop. Mais l’on oublie que c’est dix fois moins que dans les années 1960-1990. Là aussi, il faut se souvenir en interrogeant parents, habitants, ou ... la presse de l’époque: Qui vous rappelleront la Sainte Victoire, massif cher au peintre Cézanne, défigurée par les incendies d’août 1989, ou encore ceux terribles qui ravagèrent les massifs des Maures ou de l’Estérel en 1962, 1965, où 21 000 hectares partirent en fumée dans le seul département du Var. Les nuages de fumée se voyaient depuis la presqu’île de Giens.
Mais notre pays - et c’est tant mieux - a mis le paquet sur la prévention, la réglementation, le réseau de surveillance, les moyens de lutte contre les incendies. Aujourd’hui, la France est plutôt un exemple au niveau mondial. Il suffit de voir ce qui se passe chaque année de la Californie au Portugal ! Bien sûr l’urbanisation dans des milieux fragiles - et les zones méditerranéennes sont des milieux fragiles - accroissent les conséquences de telle catastrophe. Mais arrêtons de penser que « nous n’avons jamais vu ça ».
Ce manque de mémoire est conforté par l’obsession des medias d’aujourd’hui, pour le « breaking news », pour le tweet ou le periscope envoyés, sans recul, sans discernement. Ou la peur de ne pas être les « premiers » sur un événement. Or il est infiniment plus facile d’aller faire « un plateau en situation » avec des phrases du genre « Derrière moi, l’apocalypse » plutôt que de prendre le temps de la remise en perspective, qui suppose de travailler ses dossiers, de travailler tout court.
Pourtant, n’est-ce pas cela le métier de journaliste ? Nous donner de la mémoire, éviter que notre mémoire de citoyens soit aussi brève que celle des poissons rouges. Plus que d’être des moulins à parole, des tuyaux à news : Sur ces plans-là les ordinateurs nous battront bientôt.
Nous vivons une e-poque formidable.

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