Au Gabon, ne pouvions-nous pas prévoir que le pouvoir frauderait les élections ? |
A l’origine, il paraît que le mot « jungle » vient
de l’hindi, jangala, et signifie
nature, espace naturel. Mais petit à petit les européens en ont fait un
synonyme de enfer, enfer vert, forêt inextricable. La jungle, c’est l’angoisse
de l’inconnu, la peur d’un environnement hostile. La loi de la jungle, c’est la
violence.
A Calais, c’est la jungle: 9 000 ? 10 000, plus ? (On ne sait plus comment les compter)
réfugiés, migrants (on ne sait plus
comment les appeler): Reportages, émissions spéciales, films, fictions,
récits, romans, visites officielles, déclarations gouvernementales: Qui
aujourd’hui peut ignorer ce qui se déroule chez nous, sous nos yeux: Un
naufrage de l’humanité.
Que faire ? Eliminons les non solutions, les
déclarations démago et à l’emporte pièces, les « ya ka ».
Y’a ka tous les renvoyer loin au-delà de mers, laissons les
couler au large de nos côtes (Genre ce
week-end les italiens n’auraient pas dû sauver 6000 pauvres hères qui allaient
se noyer au large de leurs côtes. Vous vous rendez compte : 6000 êtres
humains, sauvés mais pour combien
noyés au fond de notre belle Méditerranée, de cette mer que l’on voit danser le
long des golfes clairs ».
Y’a ka fermer les frontières (et nos vaches seront bien gardées),
construisons un mur à la Trump, genre Corée du Nord - et c’est vrai qu’enfermés chez eux les Coréens du Nord sont vachement
heureux - .
Y’a ka les laisser passer et laisser les anglais se débrouiller
avec cette patate chaude. Comme si les anglais n’allaient pas nous les retourner
fissa, sur nos bateaux, genre un nouveau Trafalgar mais dans la Manche et avec
des milliers de migrants en otage.
Au fond de nous mêmes, nous le savons bien: Il n’y a pas de
solution simple. Il n’y a plus de solution simple. Car s’il est aussi dramatique,
ce problème ne nous est pas tombé dessus d’un coup. Il n’est même pas lié à la
vague d’arrivée de réfugiés il y a un an. Et il remonte en fait à la
construction du tunnel sous la Manche, à la libre circulation entre des pays où
les réglementations sont si différentes. Il aurait fallu anticiper, prévoir.
Gouverner c’est prévoir.
Prévoir: Cela aurait dû être possible aussi dans une autre
jungle, celle du Gabon. Le Gabon, ce n’est ni la Syrie - pas de guerre civile,
pas de menace terroriste. Ce n’est pas le Nigeria, avec ses 180 millions
d’habitants, le Gabon n’en compte qu’à peine 1 million et demi. C’est une
vieille connaissance de la France, on le présentait même comme la vitrine caricaturale
de la Françafrique. Et tout ça pour ça ? Nos experts, spécialistes,
diplomates n’ont pas vu venir le coup ? Allons donc, tout le monde savait
que les Gabonais aspiraient au changement. Tout le monde savait que les Bongo
n’accepteraient pas volontiers de partir après presque 50 ans de pouvoir absolu.
Et maintenant nous sommes coincés : Intervenir ? Paris
sera accusée de néo-colonialisme. Ne rien faire ? Le Gabon risque de
plonger dans la violence, et les Gabonais n’oublieront pas que nous les avons
lâchés quand ils aspiraient eux aussi à un changement démocratique et
pacifique.
Gouverner c’est prévoir. Au Gabon, comme à Calais nous avons
laissé se développer la loi de la jungle au détriment d’une bonne gouvernance.
Nous vivons une e-poque formidable.
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