La vraie pasionaria, Dolorès Ibarruri |
Depuis quelques jours, nous découvrons – du moins les medias en boucle semblent découvrir – que les femmes
aussi peuvent être terroristes. Bientôt, sans doute, nous « découvrirons » que des enfants ou
des ados peuvent l’être aussi. Et c’est épouvantable. En matière
d’endoctrinement, de fanatisme, il n’y a malheureusement pas de limites.
Le terme employé depuis quelques jours pour qualifier cette
jeune femme qui voulait faire un massacre aux bonbonnes de gaz près de Notre-Dame
à Paris, c’est « pasionaria ». Eh ! Oh ! Confrères, consœurs,
informer ce n’est pas répéter en boucle les mêmes bêtises, c’est aussi faire
preuve d’un peu de culture. Alors retour sur la pasionaria et donc sur la guerre civile espagnole.
La pasionaria , du
mot « pasión », c’est Dolorès
Ibarruri, c’est cette fille d’ouvriers espagnols, cette militante
communiste, qui pendant la guerre civile espagnole de 1936 à 1939, tenta de
galvaniser les troupes républicaines face au putsch du Général Franco et à
l’avancée des troupes fascistes, avec son cri « No pasaran ! «
Ils ne passeront pas ». C’est aussi cette femme âgée, qui après 40
ans d’exil à Moscou, fut la seule députée de 1936 à être réélue aux premières
élections libres en Espagne en 1977. Et au soir de sa vie, la Pasionaria retrouva d’ailleurs sa foi
catholique jusqu’à devenir mystique, ce qui fût caché par le Parti Communiste
espagnol
Evidemment, avec le temps, on a (re)découvert les aspects controversés
de sa personnalité. Une fanatique, qui n’hésitait pas à faire éliminer tous ses
opposants, un sous-marin totalement téléguidé par Moscou, un symbole fabriqué
par la propagande soviétique. De là à faire un parallèle avec Daesh et les
islamistes ? Sur la manipulation psychologique et la propagande,
peut-être, mais attention à ne pas faire de contresens historique. Car en 1939,
c’est bien le fascisme qui est l’ennemi principal, c’est le nazisme qui monte
en Europe et il a bien fallu faire alliance avec l’Union soviétique pour
vaincre l’Allemagne nazie. Que serions-nous devenu sans le sacrifice de
centaines de milliers de militants communistes ?
Aujourd’hui, le fascisme c’est Daesh, et les poseuses de
bombes sont des terroristes. Les qualifier de pasionaria est un dangereux
raccourci, une insulte à la mémoire des millions de morts de la guerre civile
espagnole, de la résistance au nazisme et au fascisme, et plus récemment aux
« mères » argentines de la Place de Mai, manifestant pacifiquement à
Buenos-Aires contre la dictature militaire qui avait fait disparaître leurs
enfants. Ces mères-là, ces grands-mères pouvaient légitimement se réclamer du
symbole de Dolorès Ibarruri.
Les terroristes à la bonbonne de gaz ne sont pas des
« pasionarias », ce sont des folles dingues.
Nous vivons une e-poque formidable.
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