Arrêtez de bouger, c'est saoûlant |
Au début on écrit (et on tweete): Bravo, c’est très bien.
L’habillage, le look, les « jingles ». Et puis
surtout l’idée de créer un vrai media à partir du web, et non pas un média qui
soit une déclinaison web d’une télé, d’une radio ou d’un journal déjà existant.
Un media pensé d’abord pour le premier support sur lequel nous consommons de
l’info: notre smartphone (ou notre tablette), et qui soit « compatible
tout écrans », c’est-à-dire aussi regardable sur l’ordinateur ou la télévision.
Et enfin un média qui intègre dans sa conception les fonctionnalités propres au
web : l’interactivité, forum, chat, tweet, réseaux sociaux. Donc ça c’est
génial.
Hélas, en matière de communication, il n’y a qu’une seule
vérité, celle du consommateur, du spectateur, du lecteur. Or quand on essaie de
regarder/ écouter/ lire franceinfo radio.tv, on s’épuise très vite. Pire, on a
le tournis, le mal de mer.
D’abord à l’image, ils n’arrêtent pas de marcher, de bouger:
C’est épuisant. On en est fatigué pour eux, et pour les cameramen qui les
filment avec leurs steadycams. En plus comme l’info, les images de l’info,
bougent en permanence, on se dit que dans ce monde qui bouge autour de nous, on
n’a pas besoin de marathoniens de l’info, mais de points fixes, de repères.
Et puis, il y a cette idée de filmer sur fond de rédaction,
de montrer les entrailles de l’info en train d’être « fabriquée », la
aussi bonne idée.Sur le papier, pardon la tablette, du moins. Parce que parfois
– souvent - il n’y a rien. L’ « open-space» en arrière plan est vide
ou presque, ou bien il s’y passe des choses qui retiennent votre attention au
détriment de ce que raconte le présentateur.
Et puis, il y a l’envie d’utiliser toutes ces nouvelles
technologies. Mais là aussi, on a envie de leur dire : « Lâche ta
tablette, arrête un peu de cliquer ».
Et puis trop d’infographies, trop de stabilo, trop
d’incrustations, tuent l’info. Et là on a envie de revenir à la radio, mais on
ne sait plus très bien si Franceinfo radio est toujours une radio, ni si
Franceinfo tv est vraiment une télévision.
Et puis, il y a le fond, bien sûr, le choix des infos, la
hiérarchisation de l’info, le traitement de l’info, et sur ce plan, pour
l’instant, on ne voit, ni n’entend la différence. On a même l’impression que Franceinfo
tv s’est épuisée sur la forme au détriment du fond.
Prenez le Gabon, par exemple. Dans l’actualité, de manière
sanglante, depuis quelques jours. Personne ne prend le temps de nous rappeler,
de nous apprendre, de nous expliquer ce qu’est ce pays: Combien d’habitants,
combien de ressources, son histoire, quelles religions, la présence de l’Islam,
vu que la famille du Président s’est convertie, la présence de la Chine, vu que
le candidat de l’opposition Jean Ping, est d’origine chinoise, etc. Et
Libreville et Port-Gentil, ça ressemble à quoi ?… On n’a le droit qu’à des
clichés sur la FranceAfrique, sur les républiques bananières, sur l’Afrique
alors que franchement, une carte, de l’infographie, des images, et notamment
toutes ces nouvelles images auxquelles on a accès avec les nouvelles
technologies, seraient les bienvenu(e)s.
Prenez également
Mère Theresa. Là aussi, plutôt que d’en faire des tonnes y compris avec
des sujets qui se veulent humoristiques et décalés sur les
« miracles » attribués à la future Sainte, et là c’est délicat, car
on est dans le domaine de la foi, de la conviction, il aurait mieux valu expliquer
en quoi cet événement qui au départ intéresse essentiellement les seuls catholiques,
peut concerner tout le monde. On aurait aimé en savoir plus sur sa vie de
catholique née en Albanie, pays musulman, mais avec une histoire religieuse
compliquée, et qui est allée travailler toute sa vie, à Calcutta, hindoue et
musulmane.
On se dit que, avec le temps, ces gamineries, ces erreurs de
jeunesse seront corrigées. D’autant plus que l’atout formidable de ce media,
surtout par rapport à ITélé par exemple, est de s’appuyer sur les ressources
rédactionnelles et documentaires de France Télévision, France 24, Radio France,
l’INA. Excusez du peu.
On se dit aussi, et c’est là peut-être, la principale inquiétude:
Qui va payer ? Car tout cela aura - et a déjà - un coût, forcément très
élevé. Préparons-nous à des grincements de dents chez les autres chaînes du
groupe (Laquelle va être sacrifiée en premier ?). Préparons-nous aussi à payer (Bonjour
la hausse de la redevance télé en 2017 … après les élections). Quant aux autres
sources de financements, il ne faut pas rêver. Les pure player, comme Rue 89,
qui en son temps, avait été le premier, n’ont jamais été rentables.
Nous vivons une e-poque formidable.
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