Les quais asphyxiés, la voie sur berge pietonnisée: La bonne décision ? |
Après la rive gauche, c’est donc la rive droite de la Seine
qui va devenir piétonne.
Symboliquement, c’est fort. Les voies sur berge rive droite,
la voie Georges Pompidou, c’est le symbole des années 70, 1970, qui ont fait
tant de mal à tant de villes françaises, avec la construction d’autoroutes, de
parkings, de tours au cœur des villes. C’étaient les années béton, les années
tout automobile. Comme si nous voulions nous débarrasser de nos complexes,
faire moderne, rompre avec cette France en retard par rapport aux autres grands
pays développés. Nous le payons encore aujourd’hui : L’arrivée de
l’autoroute Porte d’Aix ou devant la Major en plein cœur de Marseille : Il
a fallu des dizaines d’années pour détruire ces horreurs; Le tunnel sous Fourvière à Lyon :
Faire passer toute l’Europe sur une autoroute au cœur de la deuxième
agglomération de France, le maire de l’époque Louis Pradel trouvait que cela
ferait Los Angeles: Là aussi il va
falloir encore une bonne vingtaine d’années pour s’en débarrasser; Et à Paris
bien sûr, la destruction des Halles, la Tour Montparnasse et les voies sur
berge, la fameuse Voie Gorges Pompidou.
Depuis quelques années, on revient en arrière, on tente de
panser les plaies et redonner de la place aux piétons. Cela donne souvent des
résultats heureux, de belles redécouvertes de nos centres urbains. Imaginerait-on
Rue de la République à Lyon, Place de la Comédie à Montpellier, les quais de
Bordeaux, le Vieux-Port à Marseille rendus aux voitures ? Et puis à Paris,
les anciennes voies sur berge rive gauche devant le Musée d’Orsay. Elles ont
été piétonnisées. A l’époque, leur transformation avait fait hurler, on
prévoyait des bouchons monstrueux. Et puis ? Et puis, non. Aujourd’hui,
qui s’en plaint ? Cafés, guinguettes, promeneurs, joggeurs, vélos ont
remplacé les voitures.
Ce succès justifie-t-il la décision de la Mairie de Paris de
faire la même chose, rive droite ?
Ce n’est pas
sûr. Plusieurs experts, plusieurs commissions ont émis des doutes, ont pondu
des rapports défavorables. Car ce ne sont pas les quais, là où se trouvent les
bouquinistes, les magasins, les théâtres qui seront transformés, mais
l’autoroute en contrebas. Et la circulation, forcément, se reportera sur le
quai du haut ou sur d’autres voies, comme le boulevard Saint-Germain ou la rue
Réaumur. Pour quelques piétons heureux, cela va faire beaucoup de riverains
embouteillés. Sans parler de tous ceux qui sont obligés de traverser le centre
de la capitale, et pour lesquels il n’y a aucune solution de rechange,
avant ? Avant dix ans, vingt ans ? Mais Anne Hidalgo semble n’en avoir
cure. Représente-t-elle le progrès face aux conservatismes, au lobby
automobile ? La aussi ce n’est pas sûr.
Ce que l’on peut craindre, c’est que nous soyons en train de
tomber dans un autre excès, le tout-vélo, le tout piéton, qui fait de nos
centres villes des zones musées, réservées à des « happy few ».
Ce que l’on peut redouter, c’est la victoire d’une idéologie
verdâtre qui considère qu’il faut gêner les automobilistes pour les convaincre
d’abandonner leurs voitures. En gros : « Nous ferons votre bonheur malgré vous ». C’est très élitiste,
très « bo bo », très "bo-bonheur". Et tant pis pour les millions de banlieusards.
Ce que l’on peut regretter, c’est que les voix des
franciliens ne soient pas plus entendues. Mais après tout un banlieusard, ça ne
vote pas pour la Mairie de Paris.
Nous vivons une e-poque formidable.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire