Et c'est avec tant de détresse humaine que nous allons faire aimer Paris ? |
« Paris je t’aime ». C’est le titre d’un film
commandé par la Mairie de Paris, histoire de convaincre les touristes étrangers
que décidément notre capitale est la plus belle ville du monde, ou presque. Et
que c’est chez nous qu’il faut venir dépenser leur argent et non à Londres, à
Milan, ou en Espagne, ce qui malheureusement le cas. Les chiffres dont nous
nous gargarisons- La France première
destination touristique du monde – cache une autre réalité : Des millions
de touristes ne font que passer chez nous, ils n’y dorment pas, ils n’y
achètent pas, ils ne dépensent pas…
Et puis, voilà que l’on on rendez-vous à la Rotonde au métro
Stalingrad, dans le nord de Paris. En vingt ans, la place, les bords du bassin
de la Villette ont été superbement aménagés. Bars, restaurants, cinémas, centre
d’arts et d’expositions - le fameux 104 n’est pas loin -. Sur l’eau, pédalos,
et bientôt baignade, puisque la mairie de Paris annonce l’ouverture de grands
bassins ouverts au public. A partir de l’été 2017, on pourra se baigner dans
une eau qui, nous dit-on est redevenue propre, en tout cas baignable.
Mais en sortant du métro Stalingrad ou Jaurès, ce n’est pas Paris plage, Paris
festif, Paris magique, mais Paris
tragique. Partout des tentes, des centaines de tentes - désolé Quechua,
mais ton nom ne rime plus avec évasion, camping, randonnée, mais avec pauvreté,
naufrage humanitaire. Partout des abris édifiés à la hâte, des points d’eau
aménagés ici ou là, des pissotières, des dizaines de pissotières, plantés en
rang d’oignons, de part et d’autre de rues ou d’avenues où l’on ne voit plus
les terrasses des cafés ou les devantures des commerces. Avec leurs gilets jaune
fluo et leurs balais verts, les employés de la Ville de Paris essaient bien d’évacuer
les ordures, de remettre un peu de propreté. Mais ils paraissent bien seuls et
désemparés face à cette vague. Ici et là, des équipes d’organisations
humanitaires, médecins bénévoles, travailleurs sociaux, et l’on a honte de les
voir se démener. Mais c’est comme s’ils tentaient de vider la mer avec une
petite cuillère. On a honte de presser le pas pour aller à son rendez-vous. Et
de détourner les yeux. C’est toute la misère de notre monde actuel qui est
là, la jungle non plus de Calais mais de Stalingrad. Oh ! bien sûr, on l’a
vue à la télé, mais là c’est sous nos yeux, tout autour de nous.
Le gouvernement a dit que le problème serait traité la
semaine prochaine. Le premier ministre depuis l’Afrique où il est en
déplacement, a confirmé que les migrants de Stalingrad seraient mis à l’abri,
sur le mode de ce qui a été fait à Calais, jeudi.
Mais pourquoi pas tout de suite ? Chaque heure qui
passe est une heure de plus de souffrances pour ces milliers de malheureux.
Chaque heure qui passe est également insupportable pour tous les habitants du
quartier qui quelque soit leur bonne volonté, sont totalement dépassés. Chaque
heure qui passe est une insulte à l’image de Paris.
Et on se demande mais comment en est-on arrivé là ? Et
est-ce que l’on voit des scènes comparables en Allemagne, à Londres, à
Barcelone ? Qui pourtant accueillent beaucoup plus de migrants que chez
nous ?
Valérie Pécresse peut bien annoncer des mesures pour
relancer le tourisme en Ile de France, Anne Hidalgo faire tourner des films sur
Paris je t’aime. Non, personne ne peut aimer Paris dans de telles conditions,
ni les parisiens, ni les touristes.
Nous visons une e-poque formidable.
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