Castro est une imposture. Castro est indéfendable. Avec l'annonce de sa mort, tout va être dit sur le grand "lider", chacun ira de son souvenir : Plus d’un
demi-siècle de dictature, ça laisse forcément des traces. Beaucoup,
finalement, réagiront avec un : Cuba
est une dictature certes, mais ... Et tout le scandale, la tromperie est dans ce "mais"...
Mais la Révolution a fait beaucoup de choses, l’éducation, la santé
gratuites, etc...
Mais le blocus américain est la principale raison de la pauvreté actuelle
des cubains.
Mais les cubaines et les cubains si gentils,
Mais Cuba est si belle.
Mais la Révolution a renversé une dictature épouvantable.
Mais avant la Révolution, Cuba était tenue par la mafia et la prostitution.
La grande réussite de Castro a été de ré-écrire l'Histoire. Beaucoup d’entre nous, anciens ministres, intellectuels ou journalistes qui commentent aujourd'hui sa mort, font toujours preuve d’une
complaisance - d’un aveuglement ? coupables.
Ah ! bien sûr : Aller faire la révolution ou un reportage dans les années 1960 ou
70 à la Havane, c’était quand même plus sympa - salsa, mojito, plages et
petites pépés - que d’aller voir les défilés sur la Place Rouge ou à Berlin-Est.
Fidel Castro a réussi à mythifier sa révolution. Plus la Cuba d’avant
Castro est présentée comme un pays sous-développé, une dictature sanguinaire,
plus la révolution devient admirable.
Ainsi, l'on oublie de rappeler que Cuba, avant la Révolution, n'était ni
Haïti, ni le Salvador, ou l'Equateur. C'était le pays le plus développé
d'Amérique Latine, avec des taux de scolarisation, d'éducation qui dépassaient
ceux de certains pays du sud de l'Europe de l'époque. Ainsi en 1958, le taux de
mortalité infantile était le 13e plus faible de la planète,
l’espérance de vie était une des plus élevées. 22 % de la population était
analphabète, alors que le taux mondial était de 44 %.
Bien sûr, les inégalités y étaient énormes, notamment entre les campagnes
et les villes, mais les classes moyennes y étaient aussi nombreuses, avec une
élite intellectuelle brillante, et une presse variée, 129 magazines, 58
quotidiens - qui n’hésitait pas à publier les déclarations d’un Castro au cours
de son procès après son attaque ratée contre la caserne de la Moncada. Ainsi
comment le fameux : « L’Histoire m’acquittera »
lancé par Castro fût-il entendu ? Mais parce qu’il fit la Une des journaux
de la Havane. Et qu’il fût gracié par Batista deux ans après. Ou bien encore qu’un
journal comme « Libertad » publiait en première page, des photos des
opposants torturés ou tués par la police du dictateur Batista.
On oublie de dire que le dictateur Batista, avant de devenir dictateur
avait été le premier Président « non blanc » élu à Cuba, le premier à
introduire en 1940 une Constitution démocratique, le salaire minimum, un
système de retraite, et à faire entrer les communistes dans son gouvernement de
coalition ! D’où l’opposition farouche des classes aisées cubaines parce
qu’il était un réformateur et surtout un mulâtre: Quel scandale dans ce pays
qui a été avec le Brésil, le dernier d’Amérique à abolir l’esclavage: 1886… Il
faut rappeler que pendant longtemps, pour ces raisons, le Parti communiste
cubain avait été réservé à l’égard de Castro.
On oublie de rappeler que Castro était tout sauf un enfant du peuple, mais
le fils d’un grand propriétaire terrien, blanc, originaire d’ailleurs de la
même région que le dictateur espagnol Franco, la Galice, et élevé chez les bons
pères !
Sous la Révolution, en cinquante ans, Cuba s'est vidée de ces élites et de
ces classes moyennes, par vagues. Et ce ne furent pas seulement d'infects
capitalistes, des "gusanos",
des "vers de terre" comme
le prétend la terminologie révolutionnaire officielle. Cela a été des médecins,
des infirmières, des techniciens, des ingénieurs, des commerçants, des
journalistes, des artistes, et les plus grands. Comme l'icône de la musique
cubaine, Celia Cruz, qui en quittant Cuba, s'était écriée: "Avec moi s'en va "el son", la
musique cubaine".
Rappelons aussi que le blocus n’est pas la raison de la faillite
économique cubaine. Cette faillite a été programmée dés le début, par des
mesures de nationalisation, d’expropriation, d’orientations économiques
catastrophiques. Et l’instauration d’une dictature, de plus en plus organisée
autour d’une famille, d’un clan. Celui de Fidel Castro.
Il reste enfin l’argument n°1: Restaurer la fierté des cubains, nettoyer La
Havane devenue le bordel et le tripot des Etats-Unis. Mais regardez ce qui se
passe aujourd’hui : Cuba, avec ses paysages, ses plages, son patrimoine
culturel, sa population - qui est tout sauf introverti, qui manie traits
d’esprit et humour pour surmonter les difficultés de sa vie quotidienne - Cuba est
en train de redevenir une des destinations n°1 du tourisme mondial ! Déjà plus
de 3 millions de touristes. Et cela va de pair avec le développement d’une
double économie, celle de ceux qui ont accès aux dollars et les autres. Quand
on pense qu’une cubaine ou un cubain peut gagner en une nuit avec un touriste plus
qu’un médecin ou un enseignant en un mois… Un peu partout près des hôtels ou
sur les plages. « Jineteras » et « pingueros »,
prostituées et prostitués arpentent toutes les zones touristiques et les
autorités ferment les yeux évidemment puisque tout le système en profite.
La Révolution prétendait rétablir la dignité du peuple cubain face à
l’impérialisme yankee. Mais aujourd’hui, Cuba est dans un tel état de
délabrement que l’ouverture, si elle n’est pas menée de manière raisonnée et
démocratique, va être une catastrophe sociale pour beaucoup de cubains.
Comment les cubains qui sont restés à Cuba et qui n’ont aucun moyen
financier, vont-ils pouvoir résister au « retour » des exilés
installés, par exemple en Floride, en majorité très à droite, très "Trumpistes', et qui arriveront les poches pleines de
dollars et la tête pleine d’envies de revanche? Comme en pays conquis.
Quand on voit ce qui s’est passée dans l’ancienne RDA, après la réunification
allemande, où pourtant avait été mis en place un cadre légal pour éviter les
abus, on imagine facilement ce qui se passera quand les anciens propriétaires
expropriés, spoliés, viendront réclamer leur maison, leur appartement, leurs
terres à ceux qui les occupent depuis un demi-siècle ?
L’histoire acquittera Castro ? Pas si sûr. Et si Fidel est mort, le
clan lui est toujours au pouvoir et parions qu’il tentera de s’y maintenir, coûte
que coûte et même si l’on comprend bien que le compte à rebours est enclenché.
Nous vivons une e-poque formidable.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire