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vendredi 25 novembre 2016

Primaires : C’est Black Friday pour les journalistes !


Primaires: Haro sur les journalistes !
Black Friday, autrefois on disait soldes, rabais, prix cassés, tout-doit-disparaître, mais aujourd’hui quand on le dit en américain, ça veut dire soldes, rabais, prix cassés, tout-doit-disparaître.
C’est du pareil au même ?
Mais non, Black Friday, ça un petit goût de modernité, de e-commerce. C’est comme dire digital pour numérique, ça change tout. Voilà où l’on en est, et nos rodomontades sur la défense de la langue française n’y pourront rien changer: Jusque dans les moindres recoins de notre vie quotidienne, l’influence de la culture américaine a tout envahi. Plus précisément de la culture mercantile américaine. Nous absorbons depuis nos premières tétées, nos premières couches culottes, nos premiers émois gastronomiques ou érotiques, une culture du marketing, du merchandising, de l’emballage, du conditionnement du consommateur qui est bien loin des fulgurances de Shakespeare, Dickens ou … Bob Dylan.
Cela commence avec Pampers, Mac Do, Burger – les premiers mots prononcés, par un bébé avant même Papa ou Maman - puis viennent les westerns qui nous font nous imaginer en cowboys et indiens, alors qu‘historiquement on n’en a pas beaucoup vu sur notre sol, sauf chez Disney. Et puis les petites filles chantent « Un jour mon Prince viendra » en peignant leur Barbie et fantasmant sur leur Ken. Les petits garçons aussi, à moins que ce ne soit sur Batman, Spiderman.
Black Friday, Black week-end, évidemment, ça « sonne » mieux en anglais qu’en français. Vendredi noir ou Week-end noir, ce n’est pas très vendeur. On voit moins le côté solde mais plutôt l’aspect « noir » qui fait tristounet et même carrément peur.  
Comme ce lendemain de débat pour les Primaires de la droite. Pas parce que les débats auraient été au rabais, ou soldé: 8 millions de téléspectateurs, ça a « performé » ! Non, le débat a été « tranquille » « à fleurets mouchetés» « digne » nous dit-on. Mais, soyons clair, également un peu chiant. 
Ça, c’est la partie émergée, car le reste c’est ce qui s’est passé et se passe sur les réseaux sociaux. Un déferlement de haine, de désinformations, de tweets injurieux. Avec au centre des attaques, les medias, les journalistes. C’est devenu un leitmotiv: Les journalistes sont nuls, leurs questions indécentes. Nous sommes tous soupçonnés d’être bobos, de faire partie de l’élite, du microcosme parisien, de ne pas nous intéresser à la vraie France, ou aux vrais gens. C’est totalement démago, mais ça marche.  Et les politiques l’ont bien compris qui l’ont totalement intégré dans leurs éléments de langage. Autrefois cela était réservé aux Le Pen ou Mélenchon. Aujourd’hui tout le monde s’y met.
Mais c’est quoi un bon journaliste ? C’est quoi, une bonne question ? Comment interroger les hommes politiques ? Comment ne pas être cire-pompe sans être agressif. Et puis, finalement pour beaucoup d’entre nous, les questions, les seuls points de vue que nous voulons entendre, ne sont-ce pas seulement les nôtres ?
Avec les nouveaux medias, avec l’interactivité, nous pouvions espérer plus de débats, plus de démocratie, mais non. C’est Black Friday, Vendredi noir pour les journalistes et les medias.
Nous vivons une e-poque formidable.

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