Sous les plages désertées, les terroristes ? |
Mais qu’est-ce que nous avons raté avec la Tunisie ? Souvenez-vous: C’était il n’y a pas si longtemps. La Tunisie
était LE pays sympa de la Méditerranée, LE pays modèle du Maghreb, du monde
arabe.
Bien sûr il y avait la dictature: Ben Ali, « premier
flic » de Tunisie, devenu Président à vie. Bien sûr, il y avait bien eu
cet attentat contre la synagogue de la Ghribha à Djerba en 2002.
Bien sûr… Mais malgré tout, tout le monde vantait les
qualités de la société tunisienne, sa tolérance, son ouverture, comme une
exception vertueuse.
Et on l’avançait des tas d’explications: L’hospitalité ?
Une tradition depuis 2000 ans, depuis Carthage, Kairouan, la situation
géographique du pays, comme une passerelle jetée en direction de la Sicile, Tunis
cosmopolite ouverte aux communautés italiennes ou juives, les vertus de la
Constitution voulue par Bourguiba, le père de l’indépendance tunisienne, avec
un statut des femmes proche de celui existant dans les pays occidentaux,
l’accent mis sur scolarisation. Et cela faisait plaisir de voir ces ribambelles
d’enfants, sur les routes même dans les campagnes les plus pauvres, se rendre à
l’école tôt le matin, en uniforme. On vantait les résultats d’une scolarisation
de qualité en deux langues, qui donnaient l’impression que beaucoup de
tunisiens étaient à l’aise entre deux cultures, maîtrisant aussi bien l’arabe
classique que le français.
Aujourd’hui la Tunisie est pointée du doigt comme LE pays
pourvoyeur d’islamistes fanatiques. Il y aurait plus de 7000 tunisiens partis
se battre avec Daesh, le plus fort contingent. Sans compter, le suspect de l'attentat de Berlin. Et de la même
manière qu’il y a quelques années on expliquait la tolérance de la
société tunisienne, aujourd’hui on en souligne les fragilités. En vrac: Les
inégalités, les frustrations d’une jeunesse au chômage, l’accouchement
difficile de la démocratie qui a commencé par libérer tous les islamistes,
parce qu’ils étaient présentés au début comme des victimes de la dictature, 500
kilomètres de frontières incontrolables avec la Libye.
Certes, mais ne restent-ils vraiment rien de la Tunisie
d’avant ? Où sont passés ces millions de tunisiens des classes moyennes,
ces femmes qui se veulent libres et égales et non pas enfermées sous une
burkha ? Si l’on tend bien l’oreille, ils et elles se battent tous les
jours pour éviter que leur nouvelle Constitution ne bascule du côté de
l’intégrisme, ils et elles se battent tous les jours pour défendre une presse
libre, pour essayer de relancer les hôtels, les commerces, les usines. Il y aurait
une légère reprise du tourisme, même si l’on est loin des 7 millions de
touristes d’avant 2011. Aider la Tunisie à s’en sortir, ne serait-ce pas là que
se gagnerait la lutte contre le terrorisme ?
Nous vivons une e-poque formidable.
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