En direct dans le JT de Jean-Pierre Pernault |
Toute le semaine TF1 a fêté
les 30 ans du journal de 13 heures présenté par Jean-Pierre Pernault. Après avoir
été moqué comme un journal un peu plouc, le succès et la longévité de la
formule ont fait taire les critiques. Et beaucoup ont reconnu le mérite de parler
de la France de partout et non pas uniquement de Paris.
Mais Jean-Pierre Pernault ne s’intéresse
pas uniquement à l’actualité franco-française. Et cela a été rappelé dans une
rétrospective diffusée jeudi soir dans le journal de Gilles Bouleau. Les moments
forts des 30 ans du journal de 13 heures avec notamment l’ouverture du mur de
Berlin.
Et c’est vrai, qu’en raison
de la chronologie, le mur ouvrant dans la nuit du jeudi 9 novembre 1989, c’est bien
le 13 heures du Vendredi 10 novembre qui a diffusé notre premier reportage réalisé
à Berlin-Est où je me trouvais avec mon équipe depuis plusieurs jours.
Mais Jean-Pierre Pernault a
fait mieux. A l’époque, la rédaction de TF1 avait peut-être un peu sous-estimé
l’importance de ce qui était en train de se passer. Même si Patrick Poivre d’Arvor
a toujours été intéressé et prompt à réagir à l’actualité internationale, et
aux propositions remontées par les correspondants à l’étranger, ce week-end là
TF1 était passée à côté de l’Histoire. En raison de l’encombrement des liaisons
satellites traditionnelles, aucun sujet envoyé par les équipes dépêchées à Berlin-Ouest
n’arrivait à temps à Paris. Les seuls reportages qui parvenaient à être transmis
régulièrement étaient les nôtres diffusés depuis la télévision est-allemande à Adlershof.
Le samedi soir, alors que
nous nous trouvions dans la régie de la télévision de Berlin-Est, la technique
à Paris me fait partager l’ambiance à la rédaction : « Patrick Lelay vient d’arriver. Il hurle. Il
veut tous nous virer. Certains pleurent ». « Mais qu’est-ce qui se passe ? » « Le ratage depuis Berlin-Ouest. L’émission
spéciale programmée pour le samedi 13 heures annulée ». J’explique que nous pourrions peut-être
tenter un coup depuis Berlin-Est. On me passe Patrick Lelay. Il m’écoute en
silence. Je lui explique que nous avons de bonnes relations avec les dirigeants
et les équipes de la télévision est-allemande et qu’ils ont les moyens d’organiser
un direct depuis le mur, côté Est. Mais que ça va coûter de l’argent et en
devises de l’Ouest. Réponse immédiate « Carte blanche ». Dans la nuit nous négocions avec la
télévision est-allemande. Et le Lundi 13 novembre dans le journal de
Jean-Pierre Pernault, nous réalisons le premier direct debout sur le mur côté
Est, donc inaccessible aux journalistes de l’Ouest, devant la Porte de
Brandebourg. Il m’avait semblé à l’époque que Jean-Pierre était ravi que ce
premier direct se déroule dans son journal. Pour toute notre équipe à Berlin ce
fût également un moment inoubliable. Et en ce qui me concerne je me souviens qu’à
quelques secondes près, j’ai évité une chute spectaculaire. Pas celle du mur,
mais la mienne, du mur. En effet, pendant le direct je me déplaçais en reculant
sur le mur qui était très étroit. Juste après avoir rendu l’antenne, en
baissant les yeux, j’ai découvert que deux de mes collaborateurs étaient
accroupis, près à m’attraper les pieds, je n’étais qu’à quelques millimètres du
vide. Une question de plus de Jean-Pierre et je basculais !
Bravo pour ces 30 ans de JT,
Jean-Pierre.
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