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jeudi 7 novembre 2019

Berlin, le mur, 30 ans. En attendant, la RDA fête son 40 ème anniversaire.

Et 2 semaines après ce baiser, Honecker était limogé 

 Par Pierre Thivolet, ancien correspondant de TF1 en Allemagne

Ce devait être un bel anniversaire, ce 7 octobre 1989.
Sur l’avenue « Unter den Linden » qui descend depuis la Porte de Brandebourg, les drapeaux rouges flottaient au vent. Les façades étaient habillées d’immenses affiches de propagandes, à la gloire des 40 ans de la République démocratique allemande, l’ « Etat des ouvriers et des paysans », selon l’appellation officielle 
Devant la  Neue Wache où les soldats de l’unité d’élite « Friedrich-Engels » montaient la garde, des tribunes avaient été dressées pour les principaux  dirigeants: 
Erich Honecker, l’inamovible secrétaire général du Parti Socialiste unifié d’Allemagne, le Parti communiste: Visage de cire, lèvres pincées y accueillait les dirigeants des pays frères, dont Gorbatchev , bien sûr. 
Ce devait être un bel anniversaire. Et au début tout avait bien commencé : Les troupes de « l’armée du peuple » avaient défilé dans un ordre impeccable, au pas de l’oie. Puis avait suivi le cortège des FDJ (prononcez : f-d-yot), la « Jeunesse libre allemande », qui embrigadaient tous les jeunes est-allemands. L’actuelle chancelière Angela Merkel en fût elle-même. 
Tout cela au son de l’hymne national de la RDA : « Auferstanden aus Ruinen »« Ressuscité des ruines ». Une très belle musique, composée par Hans Eissler, compagnon de route et de travail de l’écrivain Bertold Brecht. Tous les deux communistes qui avaient fui les nazis étaient rentrés à Berlin-Est après la guerre pour édifier une Allemagne socialiste, pensaient-ils..
Tout se passait bien. Jusqu’à ce que Gorbatchev décide à la surprise générale, devant les caméras qui filmaient en direct, d’être « Gorbi », l’homme de la perestroïka. 
Il sort des tribunes, va saluer les spectateurs qui se mettent à crier : « Gorbi, Gorbi : Hilf uns : Aide nous ! » et  il répond : « Celui qui est en retard est puni par l'Histoire, pour la vie.». Cette petite phrase fait l’effet d’une bombe. Tous les allemands de l’est vont se la répéter. Honecker est fou furieux. Le désaveu soviétique équivaut à un limogeage, et , de fait, ce sera le cas dans les semaines qui suivent. 
Le soir, gala officiel au « Palast der Republik ». Mais sous les fenêtres du siège du gouvernement, des petits groupes de manifestants se sont formés. Et ils scandent les slogans repris depuis quelques semaines: « Wir sind das Volk » « Nous sommes le peuple » et :« Die Mauer muss weg » « Le mur doit tomber ». La Stasi et ses gros bras en civil répriment violemment les manifestants, hurlements, gaz lacrymogènes, explosions ; C’est la première fois qu’une telle manifestation se déroule en plein cœur de Berlin. 

Aujourd’hui, le « Palast der Republik » a été détruit. Difficilement : Il était contaminé à l’amiante. 
Et puis l’ancien château des rois de Prusse sur lequel il avait été bâti, a été reconstruit. Après des années d’hésitations, et avec appel aux dons. Ce château redonne au centre de Berlin de la cohérence. Il a été refait à l’identique. Enfin, presque : Les allemands ne voulaient pas que ce soit un château à la Disney, Berlin ne voulait pas que soit gommée l’Histoire. 
Vergangenheitsbewältigung. La confrontation avec l’Histoire : Cela reste quand même le maître mot de l’éducation et de la politique en Allemagne.

Et l’on écoute quelques notes de l’ancien hymne est-allemand. 

1 commentaire:

Pierre 2LT a dit…

Bonsoir Pierre,

Une pensée dans cette période qui vous touche, je le sais.

L'Instant M vous a cité, ce matin, sur France Inter, d'ailleurs.

J'espère que vous vous portez bien.
Amitiés,

Pierre

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