Y aura-t-il de la neige pour Noël ? Franchement, beaucoup s’en foutent. D’abord parce que le ski ne concerne qu’une minorité d’entre nous, Brestois ou Cannais ne rime pas forcément avec godille et schuss. Et puis le ski c’est cher, rien que la location d’un studio où on s’entasse à 6 ou 8 … Et puis la combinaison, les gants, les chaussures, le casque, les lunettes, les skis ou surfs, ça commence à chiffrer. Même la fondue y est hors de prix.
Ceci dit que la montagne est belle.
Si tout le monde n’a pas la chance de vivre face à la mer, d’autres en revanche vivent la tête non pas dans les étoiles mais happés par ces sommets qui semblent flirter avec le ciel : La Meije, le doigt de Dieu, comment résister à l’appel des cimes, et d’ailleurs il y a cent ans, deux cents ans, les Gaspard et autres Turc (oui ce sont des noms de montagnards de l’Oisans), les Whymper (lui c’était un britannique, mais quel alpiniste !) ne purent y résister. C’était avant la découverte de la pénicilline, de la vaccination, on sortait à peine des grandes pestes, choléra et tuberculose et manque d’hygiène réduisaient l’espérance de vie à 50-55 ans, il n’y avait pas de SAMU, ni d’hélico pour venir secourir les alpinistes en perdition. Et pourtant. Et pourtant, de tous temps les hommes ont voulu y monter, conquérir ces sommets, se dépasser, voir d’en haut notre tout petit quotidien.
Interdire la montagne, c’est comme interdire à un marin de prendre la mer. C’est empêcher un Cannois (pas Cannais) de se baigner, à un Biarrot de surfer. Sans parler des retombées, ou plutôt de l’absence de retombées économiques pour des dizaines de milliers de personnes qui vivent du tourisme. Même avec les aides de l’État, s’il y a de la neige pour Noël, elle ne sera pas blanche immaculée mais plutôt grise tendance on broie du noir.
Pense-t-on vraiment que la montagne, les chassés croisés sur les routes d’accès aux stations, seraient des nids à virus ? On peut limiter les jauges dans les remontées mécaniques, interdire les soirées fondues ou raclettes trop festives, mais interdire le ski pour Noël, c’est très… con. C’est comme si celles et ceux qui prennent de telles décisions se disent : « Avec tout le boulot que j’ai, je n’aurai pas de vacances cette année, donc pas question que d’autres en profitent : na ! »
Y aura-t-il de la neige pour Noël ? Jusque-là, il n’y en avait pas, mais depuis quelques jours, il neige à gros flocons, dans une semaine pour les fêtes la montagne va être toute poudrée blanc, sa seule contemplation sera un plaisir pour l’esprit, son air, des bouffées d’oxygène.
Il y aura de la neige pour Noël.
Mais du ski, c’est pas gagné.
1 commentaire:
Tellement juste, affreusement révélateur des travers de ceux qui s'imaginent détenteurs du pouvoir de décider de tout ce qui concerne la vie du citoyen lambda. Enfin, on a les hommes politiques qu'on mérite.
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