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mercredi 9 décembre 2020

Football, negro : cachez ce racisme que je ne saurais voir !

 


Donc un arbitre adjoint – roumain – s’est laissé aller à des propos racistes : negro pour désigner un entraîneur adjoint noir. Scandale, décision des joueurs des deux équipes de rentrer aux vestiaires, tempête médiatique, parions que l’UEFA finira par rivaliser de déclarations martiales contre le racisme et que cet arbitre n’arbitrera plus jamais un match, en tout cas international. Et ensuite, quoi ? 

Que des instances officielles, que des gouvernements, condamnent fermement le racisme, c’est indispensable, mais est-ce suffisant ? Pensons-nous que cette condamnation fera réellement changer les sentiments de cet arbitre roumain ? Et de ces très nombreux anonymes qui dans le fond parlent de la même manière, utilisent les mêmes mots, pensent la même chose. Non. La prochaine fois, les préjugés ne seront plus exprimés à voix haute, mais mis sous le tapis. Mais soulevons le tapis, justement, et commençons par nous-mêmes, nos proches, notre entourage, nos voisins, nos compatriotes. 

Les lois, les déclarations de bonnes intentions ont-elles vraiment fait disparaître les préjugés, l’intolérance, la peur de l’Autre ? On ne le dit plus à voix haute, mais dans le fond, c’est toujours : « les noirs sont comme ceci », « les juifs sont comme cela », « les arabes comme ça »…

Dans l’(excellent) film « Get out” le héros noir va passer le week-end chez les parents de sa girl-friend, blanche, blonde. Un beau petit couple, qui démontre que, comme l’annonçait Senghor, l’avenir est au métissage. Mais le week-end se transforme en cauchemar, les parents se révélant être des sortes de vampires, mais en plus d’affreux racistes, sous des dehors ouverts et souriants : Le père adore Obama : « si il avait pu faire un troisième mandat, on aurait voté pour lui ». Un ami évalue d’un air gourmand le physique du héros, et lui demande : « Vous êtes golfeur comme Tiger Woods ? »

Alors ? 

Alors, il faudra du temps pour que si ce n’est nous, en tout cas les prochaines générations se dégagent de tous ces pré-jugés, de ces clichés. Cela passe par l’éducation bien sûr, l’école, mais Il faudrait aussi que les media, les journalistes commencent à réfléchir à la manière d’en parler, de parler. 

Le producteur de musique, Michel Zecler, tabassé par des policiers est-il noir avant d’être un producteur de musique ? « Noire n’est pas mon métier », revendique l’actrice Aïssa Maiga, un peu un écho du : « On ne naît pas femme, on le devient » de Simone de Beauvoir.

Pour inspirer nos rédactions, relisons Félix Éboué. Vous savez Éboué, qui fût le premier à rallier De Gaulle en juin 1940, qui a fait basculer le Tchad puis l’Afrique Équatoriale du côté de la France libre, le premier compagnon de la Libération. Ses cendres furent transférées au Panthéon le 20 mai 1949, le premier noir à y être honoré, bien avant Alexandre Dumas, en 2002.

D’ailleurs Éboué, le guyanais, fût souvent le premier partout. Premier gouverneur noir de la Guadeloupe, il prononça ce discours à la jeunesse guadeloupéenne en 1937, lui qui était un fan de sport et de foot : « Jouer le jeu ». « Jouer le jeu, c’est piétiner les préjugés, tous les préjugés, et apprendre à baser l’échelle des valeurs uniquement sur les critères de l’esprit. »« Jouer le jeu, c’est, par la répudiation totale des préjugés, se libérer de ce qu’une expression moderne appelle le complexe d’infériorité. C’est aimer les hommes, tous les hommes, et se dire qu’ils sont tous bâtis selon la commune mesure humaine qui est faite de qualités et de défauts. »

Jouons le jeu !

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