Ceci n'est pas le Pape donnant la communion au Général Videla ! |
A peine le nouveau Pape avait-il pris ses fonctions, que
sont (ré)apparues des accusations concernant son attitude sous la dictature
militaire argentine, à la fin des années 70. Pendant ces années « de
plomb », comme au Chili, au Paraguay, en Uruguay, au Brésil, les
militaires avaient pris le pouvoir, pourchassant notamment les militants
d’extrême-gauche, avec force tortures, emprisonnements, disparitions.
Il est tentant de « casser » l’ambiance actuelle,
un peu béate, autour du nouveau pape auquel on prête toutes les qualités. Mais
il est dangereux de transposer à l’Argentine ce que l’on a connu en Europe avec
les dictatures fascistes ou nazis. Et il est faux de voir en François 1° une
sorte de Kurt Waldheim austral.
L’ancien Président autrichien avait été éclabloussé par les
révélations sur son passé pendant la seconde guerre mondiale[1].
Il n’avait pas été un criminel, ou un nazi actif, mais ce que les autrichiens
ou les allemands appellent un «Mitlaüfer»; pas exactement un
collabo, mais quelqu’un qui «marche avec» le système.
Ce qui ressort des différentes enquêtes, livres,
déclarations sur le passé de François 1° montrent qu’il n’a pas été un « Mitlaüfer ». Mais qu’il n’a pas été
non plus un Dom Helder Camara, l’évêque brésilien, figure emblématique de la
« Théologie de la Libération » ou un Oscar Romero assassiné par les
escadrons de la mort en pleine messe dans sa Cathédrale à San Salvador. Une
partie des critiques à l’égard du nouveau Pape viennent de ces milieux d’extrême
gauche latino-américains, qui préconisaient la Révolution permanente, la
multiplication des « Cuba » partout en en Amérique Latine. Plus
personne n’y croit aujourd’hui.
Et puis d’autres attaques viennent en sous-main de l’actuel
gouvernement argentin et du mouvement péroniste. Dans les années 1950, le
général Perón est l’exemple même du « caudillo » démago ». Profitant
de la prospérité de l’Argentine, grand producteur agricole au moment où
l’Europe sortait de la seconde guerre mondiale, il « arrosait » les « descamisados »,
le prolétariat argentin, pour assurer à son pouvoir autoritaire et corrompu le
soutien d’une clientèle de défavorisés. La nostalgie des années Perón paralyse
encore la démocratie argentine. Et les Kirchner actuellement Président(e) n’ont
jamais pardonné à l’ancien cardinal de Buenos-Aires ses attaques contre
l’affairisme et la corruption qui les caractérisent.
Les déclarations du militant argentin des droits de l'homme
Adolfo Pérez Esquivel, Prix Nobel de la paix 1980, me semblent plus
crédibles, qui assure que le Pape n'avait eu « aucun lien avec la
dictature".
Nous vivons une e-poque
formidable !
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