25
ans : Un quart de siècle, déjà…
Par Pierre Thivolet, ancien correspondant de TF1 en
Allemagne
En direct du mur. pour TF1...le 11 novembre 1989 |
Oui, j’y étais. Et nous
n’étions pas nombreux ce soir-là, à nous trouver à Berlin, à Berlin-Est: Personne n’avait prévu ce qui allait se passer dans cette soirée du 9 novembre
1989.
Ni le gouvernement est-allemand,
qui « envisageait éventuellement d’autoriser les citoyens est-allemands en
règle et avec passeport à voyager librement ».
Ni le gouvernement
ouest-allemand : Le chancelier Helmut Kohl se trouvait même en voyage
officiel en Pologne; Son premier voyage auquel tous les médias de l’Ouest
accordaient une grand importance. Autant dire que nos principaux confrères
ouest-allemands se trouvaient à Varsovie.
Même si rétrospectivement,
nous pouvons remettre les événements en perspective, et dire que, de toute
façon , l’Allemagne communiste était condamnée, franchement le 9 novembre ,
personne n’avait rien vu venir. Finalement, tous les allemands et leurs alliés
s’étaient installés dans cette situation d’équilibre. Même l’Ouest y trouvait
son compte et les déclarations sur l’unité ou la réunification de l’Allemagne
n’étaient que de principe, et ne trouvaient que très peu d’écho de Hambourg à
Munich. L’Allemagne de Bonn, avec son deutschmark si fort, sa réussite
économique, était l’«Allemagne Société-Anonyme », avec des citoyens
comblés pensant plus aux vacances aux Canaries ou à Rimini, avec Mercedes et
caravane, qu’aux frères de l’Est perdu ! « De quel côté du mur,
la frontière nous rassure » chantait très justement Patricia Kaas.
25 ans déjà !
Putain : Un quart de siècle… Je n’ai pas l’esprit « ancien
combattant ». J’ai toujours voulu regarder vers l’avant. Ne pas revenir
sur les événements que j’ai pu « couvrir » comme reporter. Mais cette
année, la pression des émissions commémoratives est forte, peut-être encore
plus forte. Et puis les événements de novembre 1989, à Berlin, ont été bouleversants : Professionnement bien sûr, comme correspondant de
TF1 en Allemagne, mais également sur le plan personnel, émotionnel,
humain : Cette année, aux dernier moment, j’ai donc eu envie de partager
un peu de mes souvenirs.
Et le premier souvenir, c’est
la joie, la liesse populaire, le bonheur d’être libre, de pouvoir franchir enfin,
même pour quelques heures, cet épouvantable mur de la honte avec son no’man’s
land, ses patrouilles de soldats en uniforme vert de gris, ses check-points
glauques. Un mur baptisé par le gouvernement est-allemand « mur de
protection anti-fascistes » : Les fascistes étant à l’Ouest bien sûr. Ce n'était pas de l'humour, mais cela faisait beaucoup rire, sous cape, les berlinois de l’Est. Enfin, du moins, ceux qui appartenaient aux milieux intellectuels, aux mouvements des droits de l'homme.
Ce soir-là, je n’ai rien
senti ni vu de « nationaliste ». Même nous, observateurs, étrangers,
avons été emportés par ce sentiment de libération.
Il n’était pas question
d’Allemagne, d’unité allemande, pas encore. Nous vivions la fin d’une injustice ;
La fin de la division de l’Europe. Tout le monde s’embrassait. Je crois que
nous nous sommes tous sentis européens , ou même citoyens du monde. Heu-reux ! Et lorsque
les cloches des églises et de l’Hôtel de Ville de Berlin-Ouest se sont mises à
carillonner dans la nuit, nous nous tous sommes mis à pleurer.
Ce soir-là, sur Berlin
flottait l’air de la liberté. Un moment rare dans une vie.
Demain : 2/7 : Ces fissures que personne
n’avait vues…
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