Hegyeshalom. C’est là sans
doute que le mur de Berlin a commencé à se fissurer. Dans ce village hongrois,
à 170 kilomètres de Budapest, 70 kilomètres de Vienne, le 2 mai 1989. Lieu
précis, date précise : Le gouvernement hongrois, pourtant toujours
communiste, avait décidé d’y organiser une conférence de presse mettant en
scène le premier démantèlement du « rideau de fer ». Avec des chefs
militaires, des garde-frontières et découpage de barbelés devant les caméras.
Je me souviens très bien d’une question d’un confrère, Pierre Hasky, à l’époque
à « Libération » : « Mais que ferez-vous quand des
ressortissants d’autres pays de l’Est
voudrons passer à l’Ouest ? » Silence gêné des autorités.
Quelques semaines plus
tard, les allemands de l’Est apportaient la réponse à cette question. S’il leur
était quasi impossible de se rendre à l’Ouest, les « pays frères » étaient
facilement accessibles. Chaque année, des centaines de milliers d’Est-allemands
s’entassaient dans leurs« Trabant », ces caisses à savon, au moteur à
deux temps, fiertés de l’industrie est-allemande, pour passer leurs vacances
sur les rives du lac Balaton, la « mer » hongroise.
La nouvelle s’est vite répandue
dans toute la RDA: On peut s’enfuir par la Hongrie. D’abord quelques dizaines,
que les garde-frontières hongrois ne faisaient rien pour arrêter. Puis des
centaines. Jusqu’au 19 août 1989,
où un « pique-nique », organisé à la frontière par le parti autrichien
paneuropéen d’Otto von Habsbourg s’est transformé en fuite à l’Ouest de
milliers de « vacanciers » est-allemands.
Dans la ruée vers la
liberté, ils abandonnaient tout derrière eux. Dans la bousculade, un jeune
père, sa femme, sa fille, avec comme seuls bagages , un sac à dos, s’étaient
retournés vers nous, une fois à l’Ouest, et dans un grand éclat de rire, nous
avaient donné la plaque d’immatriculation «DDR» « République
Démocratique Allemande » qu’ils avaient dévissée sur leur voiture
abandonnée. Désormais, le mur de Berlin n’arrêtait plus l’hémorragie. A Berlin-Est,
le gouvernement ne savait plus quoi faire. Partout des citoyens est-allemands tentaient
la fuite.
En Pologne, la première à s’affranchir du communisme. A
Prague, en envahissant l’Ambassade d’Allemagne de l’Ouest. Et pendant ce
temps-là, à Moscou, Gorbatchev parlait de « perestroïka » et de
libertés.
J’ai retrouvé quelques
souvenirs de cet été 89: Un bout de barbelés, gracieusement offert par un
soldat hongrois, le 2 mai, à Hegyeshalom. Une maquette de Trabant et puis la
plaque DDR de cet inconnu qui s’enfuyait vers la Liberté.
L’Allemagne de l’Est était
présentée pourtant, même à l’Ouest, comme le bon élève de la classe socialiste.
Elle préparait les festivités de son 40 ème anniversaire avec force défilés militaires,
soldats marchant au pas de l’oie, pionniers des Jeunesses communistes agitant
des drapeaux , et invités de marque, comme Mikhael Gorbatchev et les dirigeants
des pays frères.
Ce devait être un triomphe
pour le régime, ce fût le début de la fin pour la vieille garde communiste.
Rétrospectivement, c’est un
mur bien lézardé qui s’est ouvert le 9 Novembre 1989.
Demain : 3/7 : La RDA fête son 40 ème
anniversaire.
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