Beaucoup d’entre nous sont aveuglés par une haine à
l’égard de l’Allemagne dont ils n’ont même pas conscience, qui mériterait sans
doute qu’ils aillent s’allonger quelques années sur le divan d’un psy, qui
révèle leurs/nos complexes et surtout une dangereuse ignorance de ce qu’est
l’Allemagne, de ce qu’est la société allemande, de ce que sont les allemands
d’aujourd’hui.
C’est flagrant ces dernières semaines dans la perception du rôle
de l’Allemagne dans la crise grecque, et plus généralement, dans l’Europe
d’aujourd’hui. Cela va du slogan « Le diktat de Merkel » d’un Florian
Philippot à « Merkel- Bismarck » de Mélenchon. Ces réactions ne sont
que la reprise de vieilles rengaines, qui remontent à l’après Première
guerre puis seconde guerre mondiale : « L’Allemagne paiera »,
remis au goût du jour par le gouvernement grec et la « gauche »
( ?) française.
Selon eux, les responsables de la faillite grecque,
ce sont les allemands, leur égoïsme, leur obsession « monétaire »,
des allemands qui n’auraient que le mot « austérité » à la bouche
pour faire plaisir aux banques allemandes.
Doit-on rappeler que la croissance de l’économie
allemande, le niveau de ses exportations, la hausse de sa consommation
intérieure, sont tout sauf de l’austérité ? Doit-on également rappeler que
s’ils en sont là, c’est parce que les allemands notamment après la
réunification, se sont serrés la ceinture, et pour beaucoup de salariés
allemands, beaucoup de seniors, continuent à le faire? Doit-on également
rappeler que s’il y a bien un pays qui était attaché à sa monnaie parce qu’elle
était le symbole de sa réussite économique, c’était l’Allemagne et que les
allemands n’ont pas sacrifié le Deutschmark de gaieté de cœur ? Doit-on
rappeler qu’avant l’euro, de toute façon, le Franc était de plus en plus
dépendant du Deutschmark, et que la Bundesbank devait régulièrement venir au
secours de notre monnaie?
Il faut respecter le peuple grec entend-on souvent.
C’est juste. Mais il faudrait aussi respecter non seulement le peuple allemand,
mais également les slovaques, les slovènes, les polonais, les irlandais, les
lettons, les autrichiens, les hollandais,
les belges, les portugais, les italiens etc… qui sont vent debout contre Alexis
Tsipras. 19 membres de l’Eurozone : En dehors de Chypre, combien sont
favorables aux positions du gouvernement grec ? La démocratie n’est-ce pas
aussi de respecter l’opinion de la majorité ?
En caricaturant, seule l’Allemagne par son poids
pourra peut-être leur faire accepter un énième compromis avec Athènes.
Il y a un mot allemand que Tsipras, Mélenchon, Philippot
and co devraient apprendre parce qu’il est le symbole d’une dérive, d’une
tentation à laquelle les allemands ont refusé jusqu’à présent de céder : « Alleingang » : Faire cavalier
seul, succomber au repli sur soi… Prenons garde qu’en fait d’un Grexit, nous ne
succombions à un Alleingang des allemands.
Nous vivons une e-poque formidable.
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