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jeudi 1 septembre 2016

L’Espagne sans gouvernement: Dernier Tango à Madrid


Qui veut m'épouser ? L'impopularité de Mariano Rajoy n'aide pas à sortir l'Espagne de l'impasse
Caramba, encore raté. Ratée la formation d’un gouvernement en Espagne. Même si les élections du 26 juin dernier ont placé le Parti Populaire en tête, et largement, il lui a manqué 6 voix au Parlement pour obtenir la majorité.  Mariano Rajoy, le Président sortant du gouvernement a beau avoir fini par accepter les conditions, notamment la lutte contre la corruption, du nouveau parti centriste « Ciudadanos », il a beau avoir passé un accord avec le petit parti nationaliste des îles Canaries, c’est raté. Il faut dire que sa personnalité, très impopulaire, n’aide pas à dénouer la situation. Et, sauf intervention divine, on voit mal comment les espagnols éviteront de nouvelles élections, les 3 èmes en un an, et en plus pour Noël, rien que ça !
Les espagnols en ont plutôt marre. Désabusés, et non plus indignés.
Il y a deux ans encore, nous nous pâmions tous devant ce mouvement citoyen, cet exemple de démocratie participative, los « indignados » qui depuis la Plaza de Mayo à Madrid allaient révolutionner la démocratie, faire « bouger les lignes ». Deux élections plus tard, en Espagne on en est où ? Nul part. A force d’être sans concession avec le système, le système est bloqué. A force de croire que l’on réinventera la démocratie parce que vos parents ont été trop cons pour le faire, on fait le jeu des extrêmes et des populistes de tout bord. Et en Espagne, ils ne s’appellent pas Front national, mais partis nationalistes catalans ou basques.
En fait ce n’est pas nouveau. Et cela pendait au nez d’un système électoral à la proportionnelle qui a donné un poids de plus en plus important aux petits partis, sans lesquels pas de majorité possible à Madrid. C’est le paradoxe de la démocratie espagnole. Il y a 40 ans, elle redonnait libertés et – larges – autonomies aux provinces. Aujourd’hui c’est contre elle que se retournent les nationalistes, négociant d’élections en élections leurs soutiens au coalition gouvernementale contre toujours plus d’autonomie.
En apparence, leurs revendications sont fondées, justifiées, aussi belles que celles des « indignés ». Et aujourd’hui, au Pays basque, la police est basque, béret compris, les impôts sont prélevés par le gouvernement basque, tout est écrit en basque, de même qu’en Catalogne, tout est écrit en catalan. Les panneaux de circulation en « castillan » (en espagnol) ont été éliminés, parfois même jusqu’à l’absurde. L’argument des nationalistes est qu’il faut compenser la longue domination du « castillan », pour redonner une chance à des vieilles cultures longtemps opprimées… Mais derrière ces « Parla Catala » ou « Euskal Herria », il y a aussi un  doigt, allez même plusieurs doigts d’égoïsme local. « Y’en a marre de payer pour ces paresseux d’andalous  et ces fonctionnaires de Madrid » entend-on souvent à Figueras ou à Durango ; Un peu comme en Italie on entend, « Y’en marre de payer pour ces paresseux de napolitains », ou en Flandres « Y’en a marre de payer pour ces assistés de wallons ».
Or la richesse de la Catalogne ou du Pays Basque s’est construite en grande partie sur l’exploitation d’une main d’œuvre bon marché, « immigrée » du sud de l’Espagne pour venir travailler dans les usines de Barcelone ou de Bilbao. Leurs entreprises profitent aussi d’un marché de 40 millions de consommateurs espagnols.
Et puis historiquement, que serait l’Espagne moderne sans ces provinces du nord, d’où est partie la « reconquête » il y a cinq cents ans ? Les fameux rois catholiques, Isabelle et Ferdinand, n’étaient-ils pas l’alliance entre la Castille avec l’Aragon, province dont faisait partie la Catalogne. Détricoter l’Espagne serait vraiment une bien mauvaise nouvelle…
La bonne nouvelle, c’est que l’économie espagnole va bien, avec une vraie reprise et un taux de croissance à nous faire pâlir d’envie. Même sans gouvernement. Ou bien est-ce  grâce à l’absence de gouvernement ?
Nous visons une e-poque formidable.

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