Qui veut m'épouser ? L'impopularité de Mariano Rajoy n'aide pas à sortir l'Espagne de l'impasse |
Caramba, encore raté.
Ratée la formation d’un gouvernement en Espagne. Même si les élections du 26
juin dernier ont placé le Parti
Populaire en tête, et largement, il lui a manqué 6 voix au Parlement pour
obtenir la majorité. Mariano
Rajoy, le Président sortant du gouvernement a beau avoir fini par accepter les
conditions, notamment la lutte contre la corruption, du nouveau parti centriste
« Ciudadanos », il a beau avoir passé un accord avec le petit parti
nationaliste des îles Canaries, c’est raté. Il faut dire que sa personnalité,
très impopulaire, n’aide pas à dénouer la situation. Et, sauf intervention
divine, on voit mal comment les espagnols éviteront de nouvelles élections, les
3 èmes en un an, et en plus pour Noël, rien que ça !
Les espagnols en ont plutôt marre. Désabusés, et non plus
indignés.
Il y a deux ans encore, nous nous pâmions tous devant ce
mouvement citoyen, cet exemple de démocratie participative, los
« indignados » qui depuis la Plaza de Mayo à Madrid allaient
révolutionner la démocratie, faire « bouger les lignes ». Deux
élections plus tard, en Espagne on en est où ? Nul part. A force d’être
sans concession avec le système, le système est bloqué. A force de croire que
l’on réinventera la démocratie parce que vos parents ont été trop cons pour le
faire, on fait le jeu des extrêmes et des populistes de tout bord. Et en
Espagne, ils ne s’appellent pas Front national, mais partis nationalistes
catalans ou basques.
En fait ce n’est pas nouveau. Et cela pendait au nez d’un
système électoral à la proportionnelle qui a donné un poids de plus en plus
important aux petits partis, sans lesquels pas de majorité possible à Madrid. C’est
le paradoxe de la démocratie espagnole. Il y a 40 ans, elle redonnait libertés
et – larges – autonomies aux provinces. Aujourd’hui c’est contre elle que se
retournent les nationalistes, négociant d’élections en élections leurs soutiens
au coalition gouvernementale contre toujours plus d’autonomie.
En apparence, leurs revendications sont fondées, justifiées,
aussi belles que celles des « indignés ». Et aujourd’hui, au Pays
basque, la police est basque, béret compris, les impôts sont prélevés par le gouvernement
basque, tout est écrit en basque, de même qu’en Catalogne, tout est écrit en
catalan. Les panneaux de circulation en « castillan » (en espagnol)
ont été éliminés, parfois même jusqu’à l’absurde. L’argument des nationalistes est
qu’il faut compenser la longue domination du « castillan », pour
redonner une chance à des vieilles cultures longtemps opprimées… Mais derrière
ces « Parla Catala » ou
« Euskal Herria », il y a
aussi un doigt, allez même
plusieurs doigts d’égoïsme local. « Y’en
a marre de payer pour ces paresseux d’andalous et ces fonctionnaires de Madrid » entend-on souvent
à Figueras ou à Durango ; Un peu comme en Italie on entend, « Y’en marre de payer pour ces
paresseux de napolitains », ou en Flandres « Y’en a marre de payer pour ces assistés de wallons ».
Or la richesse de la Catalogne ou du Pays Basque s’est
construite en grande partie sur l’exploitation d’une main d’œuvre bon marché,
« immigrée » du sud de l’Espagne pour venir travailler dans les
usines de Barcelone ou de Bilbao. Leurs entreprises profitent aussi d’un marché
de 40 millions de consommateurs espagnols.
Et puis historiquement, que serait l’Espagne moderne sans
ces provinces du nord, d’où est partie la « reconquête » il y a
cinq cents ans ? Les fameux rois catholiques, Isabelle et Ferdinand,
n’étaient-ils pas l’alliance entre la Castille avec l’Aragon, province dont
faisait partie la Catalogne. Détricoter l’Espagne serait vraiment une bien
mauvaise nouvelle…
La bonne nouvelle, c’est que l’économie espagnole va bien,
avec une vraie reprise et un taux de croissance à nous faire pâlir d’envie.
Même sans gouvernement. Ou bien est-ce
grâce à l’absence de gouvernement ?
Nous visons une e-poque formidable.
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