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mercredi 23 août 2017

Dangereux en France, mais bon pour la Guyane: La méga-mine Montagne d’or

Imaginerait-on Nicolas Hulot autoriser un tel projet en métropole ? 

« Montagne d’or » : Rien que le nom, ça fait rêver. 
Et il y a de quoi car les chiffres donnés par le consortium russo-canadien pour démarrer l’exploitation d’une méga-mine d’or à 150 kilomètres à l’intérieur de la forêt guyanaise donnent le tournis.
Il s’agirait du plus grand projet minier en France: 6,7 tonnes d’or extraits sur 12 ans à partir de 2022. Au prix du marché 3 milliards d’euros, avec toutes les retombées fiscales que l’on imagine. Ca c’est côté pile. 
Côté face, ce sont les retombées « spatiales et écologiques » qui seraient d’une ampleur inconnue. Dixit une note interministérielle obtenue par l’AFP et citée par le Monde.
En clair: Creusement d’une fosse de 2,5 kilomètres de long, 500 mètres de large, 400 mètres de profondeur, deux collines de déchets de plus de 100 mètres de haut, et surtout un lac de retenue pour 54 millions de tonnes de boues polluées au cyanure.
Bien sûr les investisseurs garantissent toutes les protections imaginables, après leur passage tout sera reforesté, ce sera même plus beau qu’avant, avec en prime des centaines d’emplois créés.
Mais si à Paris on a la mémoire courte, en Guyane on sait que cela fait 500 ans que les européens fantasment sur l’Amazonie où les conquistadors situaient le fameux Eldorado qu’ils n’ont jamais trouvé. L’histoire du pays est celui d’une succession de projets mirobolants qui se sont tous cassés la figure.
En théorie, la moitié sud de la Guyane a été classée Parc national d’Amazonie*. Seules les populations tribales amérindiennes et bushinengé peuvent y vivre librement sur leurs terres coutumières.
La réalité est toute autre, liée à l’or justement. Des milliers de clandestins, venus surtout du Brésil, pratiquent l’orpaillage sauvage, détruisant la forêt, et surtout polluant au mercure les « criques », les ruisseaux en amont des rivières. Main d’œuvre misérable, ils ont importé une violence inconnue jusque là.
Là où il y a 30 ans encore, l’on pouvait boire, se laver, jouer, pêcher dans l’eau, le mercure s’est infiltré partout, dans la chaîne alimentaire et les poissons sont devenus poison.
L’emploi ? - Dans un département où le taux de chômage des jeunes est de ... Non il vaudrait mieux parler du taux d’emploi des jeunes: 25 %, 30 % ? à peine -  quel chantage et quelle plaisanterie ! La construction du centre spatial de Kourou, du barrage de Petit-Saut, des routes, des ponts, des lotissements immobiliers a surtout attiré une main d’œuvre du Brésil, de Guyana, d’Haïti, par dizaines de milliers. Parce que même clandestins et exploités, les conditions de travail et de vie en Guyane sont sans comparaison par rapport à leurs pays d’origine.
Sur ce plan, c’est vrai, la Guyane est un vrai Eldorado.
Alors, en France, pardon en métropole, on bloque la construction de centre de vacances pour protéger quelques hectares de zone humide à Roybon en Isère, on campe sur le tracé des pistes d’un futur aéroport à Notre-Dame-des-Landes, on interdit les recherches de gaz de schiste par fracturation en Ardèche, mais protéger ce qui fait la vraie richesse de la Guyane, son biotope qui est un des derniers d’Amérique Latine, du monde ? a être intact, là il n’y a plus personne. Emmanuel Macron, ministre, s’était prononcé pour ce projet. Quant à Nicolas Hulot... C’est silence radio. Ushuaia ne répond plus !
Une pétition a été lancée, contre ce projet de méga-mine. Mais on en parle beaucoup moins que du statut de Brigitte Macron. C’est bien dommage, mais pas étonnant: La Guyane, loin des yeux, loin du cœur.

* Le Parc amazonien de Guyane :


Pétition :

Le projet présenté sur Youtube par la société russe Norgold : https://youtu.be/FUIE1Lbf9vg







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