Guernica de Picasso à Madrid: Valencien? Catalan ? espagnol ? |
En Espagne, on s’en souvient comme du 23F. Le 23
Février 1981, un groupe de militaires prend en otages les députés réunis aux
Cortés. Leur chef Antonio Tejero veut renverser la toute jeune démocratie
espagnole.
Après la mort du dictateur Franco en 1975,
Juan-Carlos avait été officiellement couronné roi. Mais en quelques mois, à la
surprise générale, il va permettre le changement de régime, des élections
libres, la reconnaissance des autonomies. Ce soir-là, à la télévision et à la
radio, lui, le roi, chef des armées s’adresse aux militaires et leur ordonne de
rentrer dans les casernes. Ce soir-là incontestablement, il sauve la
démocratie.
La légitimité de la Monarchie espagnole vient de
là. Même si les anglais ont coupé la tête de leur roi, bien avant les français,
400 ans de monarchie ont créé des liens étroits entre l’identité de la
Grande-Bretagne et la Monarchie. En Espagne, ce n’est pas le cas. En 1931, les
espagnols avaient proclamé la République. Puis après une guerre civile
épouvantable, Franco avait certes rétabli la royauté, mais sans roi, le
grand-père du roi actuel, Comte de Barcelone d'ailleurs, ayant préféré l’opposition et l’exil à la dictature.
Mais depuis le 23F, les générations ont changé. Beaucoup
d’espagnols, et en premier les catalans, ne se sentent plus liés par ce passé
tragique.
Aussi le discours du roi Philippe hier ne sera-t-il
pas le pendant du discours de son père il y a 36 ans. On voit mal aujourd’hui
qui pourrait sauver l’Espagne.
C’est un peu triste. Et inquiétant bien en-deça des
Pyrénées. L’heure semble être à l’égoïsme sacré, Barcelone ne veut plus payer
pour Séville, Milan pour la Sicile, Paris pour la Corse ou l’Outre-Mer, Berlin
pour la Grèce, et pourquoi devrais-je payer des impôts pour entretenir des
chômeurs ? Comme aux Etats-Unis où les électeurs de Trump ont voté pour
moins d’Etat fédéral.
C’est quoi vivre ensemble ?
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