Pour que la montagne reste belle, il faudrait en apprendre ses codes. |
L’hiver
2017-2018 restera une saison tout à fait exceptionnelle pour l’enneigement en
montagne. Il y avait longtemps que l’on avait vu autant de neige. Et autant
d’accidents. Et de morts. Rien qu’en France, au moins 26 morts, et 3 disparus.
Il y a bien sûr les avalanches.
Parfois déclenchées par des imprudents qui par obsession du hors-piste ne
respectent pas les consignes de sécurité, les drapeaux à damier indiquant un
risque maximal. Il y a aussi ces inconscients, ceux qui s’attaquent à l’ascension
du Mont-Blanc, plus près de 5000 mètres que de 4000, sans entrainement et sans équipement. Ou ces enfants
qui se perdent hors piste et vont sauter une barre rocheuse dans le brouillard.
A chaque fois, secouristes,
guides, pompiers, se mobilisent pour, au péril de leurs vies, venir au secours
des accidentés. Et se pose de plus en plus la question du libre accès à la Haute-Montagne,
de qui paie les secours, parfois très coûteux.
La montagne est dangereuse. Et
même en la connaissant bien et en étant expérimenté, le risque zéro n’existe
pas. Comme le montre, hélas, le décès d’Emmanuel Cauchy, dans une avalanche à
Chamonix le 2 avril dernier. Il était l’inverse d’une tête brulée, d’un
inconscient, et pourtant…
Pourtant que la montagne est belle. Mais c’est un espace naturel, l’homme n’y est
qu’invité.
Nous l’avons oublié en
construisant des équipements prouesses de techniques, permettant aux touristes,
aux citadins d’accéder à la haute montagne de plus en plus rapidement, sans
marche d’approche, sans en « baver
des ronds de chapeau » !. Le danger est là, cette impression de
facilité, comme si les sommets n’étaient que des extensions de Montmartre ou
des rochers de Fontainebleau.
Nous avons tendance à oublier
ce que les anciens montagnards avaient appris de leurs parents, grand parents,
de générations en générations ; Que tel couloir pouvait être avalancheux,
même une fois tous les 50 ans, que tel versant pouvait être instable, et que si
les troupeaux ne « tondaient » pas les alpages en été, les herbes
longues retenaient moins bien la neige en hiver.
Dans la gare du téléphérique
du Pic Blanc de l’Alpe d’Huez ou au départ de la Vallée Blanche à Chamonix, des
panneaux mettent en garde : Skieurs,
attention ! Ici commence le domaine de la Haute-Montagne. Mais qui y
fait attention aujourd’hui ? Pour
que la montagne reste un espace de liberté, peut-être faudrait-il changer nos
comportements, mais là on en revient à des questions d’éducation et de civisme.
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