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dimanche 5 août 2018

Paris : Imaginons les Places de demain. Et si on s’occupait des rues d’aujourd’hui ?

A gauche, Barbès. A droite, la nouvelle Place du Panthéon. Aux mêmes heures !
C’est une vaste opération lancée depuis 2015 par la Mairie de Paris. «Donner plus de place à celles et ceux qui ont envie de vivre dans une ville plus pacifiée, avec moins de voitures et moins de stress» selon les mots d'Anne Hidalgo. Sept grandes places parisiennes vont être « réinventées » : Bastille, Fêtes, Gambetta, Italie, Madeleine, Nation et Panthéon. Justement cette dernière vient d’être achevée. Achevée est bien le mot, car à la surprise générale, et après 3 ans de concertation populaire, le nouvel aménagement laisse rêveur : Certes les voitures qui squattaient les pieds du monument ont été enlevées, mais ça en moins d’une heure les camions fourrières de la Préfecture de police le font très bien. Sinon on se dit : tout ça pour ça ? Est-ce provisoire, dans le style aire d’autoroute, revisitée bois des Landes pour faire « green » ? Bien sûr les voisins, les Grands Hommes (hommes et femmes maintenant) auxquels la Patrie est reconnaissante, et qui reposent dans les cryptes du Panthéon ne vont pas protester, mais on pourrait s’occuper des vivants, des places, rues et avenues qui concentrent le plus de population : Bastille, Nation, République, ok, mais ne l’a-t-on pas déjà fait 36 fois ? Prenons - au hasard (?) - le boulevard Barbès. C’est populaire à souhait, une des plus fortes concentrations d’habitants de Paris, mais aussi de visiteurs qui viennent y faire leurs courses, et de touristes… Eh ! oui, car au pied de la Butte Montmartre, ils sont des dizaines de milliers chaque année qui après avoir réservé leurs chambres « with view on Le Sacré-Cœur » errent comme des âmes en peine, au milieu des papiers gras, des poubelles qui débordent, des pistes cyclables qui servent plutôt de voie de dégagement à une circulation embouteillée dès les premières heures du matin : « Plz, where is Montmartre », Le Sacré-Cœur, deuxième monument le plus visité après Notre-Dame, et avant Le Louvre et la Tour-Eiffel. 
Là il n’est même pas besoin de faire une concertation, tout a déjà été demandé, réclamé, pétitionné, discuté par les habitants, les commerçants, les associations du quartier, des quartiers : Barbès, Goutte d’Or, Château-Rouge. Aujourd’hui, rien qu’à l’énoncé de ces noms, beaucoup prennent peur, alors que… 
La piétonisation du quartier de la rue Déjean et du Marché du même nom : il y a les panneaux mais on l’attend toujours. Il faudrait doubler les trottoirs de l’avenue Barbès, aux heures de pointe beaucoup de piétons sont obligés de marcher sur la chaussée, quant aux pistes cyclables, mieux vaut avoir le cœur bien accroché et la sonnette impérative ! Le même je m’en foutisme (?) semblent se retrouver à la RATP. Le métro Château-Rouge vient de rouvrir après un an et demi de travaux. Avec un mini escalator qui a été calibré pour 3 pelés et 1 tondu. Pour les personnes handicapées, les personnes avec poussettes, les escaliers vertigineux sont un vrai défi. On devrait y tourner un prochain épisode de Wild ou de Mike Horn. Et personne n’a pensé à un ascenseur ? 
A Barbès aussi et dans bien des quartiers de Paris, on a déjà « envie de vivre dans une ville plus pacifiée ». Nul n’est besoin de « donner envie ». Alors la République (la Place) peut bien attendre, les citoyens eux, c’est moins sûr.



samedi 29 juin 2013

Pour Mandela: Jouer le jeu de Félix Eboué



L’émotion suscitée par la mort imminente de Nelson Mandela est à la mesure du personnage. Le leader sud-africain est une des personnalités marquantes de notre époque, de notre monde. Son combat et celui de son peuple nous concernent et nous touchent tous. Difficile de faire le tri parmi ses innombrables qualités : Courage, ténacité, tolérance, humanité, pragmatisme, intelligence, un formidable charisme. Avoir été emprisonné dann un bagne le quart de sa vie d’adulte, ne jamais abandonner, en ressortir victorieux sans oublier mais sans haine, montrer l’exemple en traquant la corruption jusque chez ses proches, être à ce point démocrate qu’on ne s’accroche pas au pouvoir alors que l’on pourrait être réélu à vie. Nelson Mandela est un tpe impeccable, zéro défaut. Et il n’est pas honnête de vouloir amoindrir l’éloge de ses qualités en ajoutant que l’Afrique du sud connaît des difficultés importantes se traduisant notamment par une violence et une insécurité records ! Sous-entendu en fait : « Les noirs ont voulu le pouvoir, ils l’ont eu, et c’était normal, mais voyez ce qu’est devenu ce pays ! » Quelle hypocrisie ! La violence dans les rues de Johannesbourg n’est pas plus élevée que dans celles de Rio de Janeiro, et pourtant nous rêvons tous de Copacabana et du carnaval. Et puis, comment aurait-il été possible de sortir d’un siècle d’aparheid en quelques mois ? Comment était-il imaginable d’intégrer dans l’économie sud-africaine 40 millions de noirs qui en avaient été soigneusement exclus au profit de 4 millions de blancs ? Comment former les cadres et les élites de demain à patir d’une population si longtemps interdite d’éducation ? Comment apprendre la démocratie quand on sort de siècles de dictature ? Comme réconcilier les oppresseurs, parfois même les tortionnaires, avec les oppressés d’hier en un claquement de doigts ?
Nelson Mandela restera comme un marqueur du progrès de nos sociétés vers plus de liberté, plus d’égalité, plus de fraternité.
Comme le fut, toutes proportions gardées, Félix Eboué. Une de nos grandes figures, certes panthéonisée, mais trop oubliée dans notre mémoire nationale. Ce guyanais, premier noir gouverneur de l’empire colonial français jusqu’à devenir gouverneur général de l’Afrique équatoriale, le premier à se rallier au général De Gaulle , le premier à faire basculer une partie de l’empire dans le camp de la France libre, à recruter, former, armer les premiers contingents des forces armées françaises libres, mais aussi l’organisateur de la Conférence de Brazzaville en 1944 qui jeta les bases de ce qui allait être la décolonisation, le haut-fonctionnaire français, admirateur des valeurs de notre République, au nom desquelles il dénonçait la violence du système colonial, et sans jamais oublier ses origines, lui le descendant d’esclaves déportés d’Afrique.
Nelson Mandela aurait pu écrire le discours prononcé par Félix Eboué en 1937 à la jeunesse de la Guadeloupe, dont il était le premier gouverneur noir : « Jouer le jeu »[1] : 
« Jouer le jeu, c'est, par la répudiation totale des préjugés, se libérer de ce qu'une expression moderne appelle le complexe d'infériorité. C'est aimer les hommes, tous les hommes, et se dire qu'ils sont tous bâtis selon la commune mesure humaine qui est faite de qualités et de défauts.(…) Jouer le jeu, c'est respecter l'opinion d'autrui, c'est l'examiner avec objectivité et la combattre seulement si on trouve en soi les raisons de ne pas l'admettre, mais alors le faire courageusement et au grand jour.
Jouer le jeu, c'est respecter nos valeurs nationales, les aimer, les servir avec passion, avec intelligence, vivre et mourir pour elles, tout en admettant qu'au delà de nos frontières, d'authentiques valeurs sont également dignes de notre estime, de notre respect. C’est (…) comprendre alors que tous les hommes sont frères et relèvent de notre amour et de notre pitié.(…) C'est trouver autant d'agrément à l'audition d'un chant populaire qu'aux savantes compositions musicales. C'est s'élever si haut que l'on se trouve partout à son aise, dans les somptueux palais comme dans la modeste chaumière de l'homme du peuple; c'est ne pas voir un excès d'honneur quand on est admis là, et ne pas se sentir gêné quand on est accueilli ici; c'est attribuer la même valeur spirituelle au protocole officiel, à l'académisme, qu'au geste si touchant par quoi la paysanne guadeloupéenne vous offre, accompagnée du plus exquis des sourires, l'humble fleur des champs, son seul bien, qu'elle est allée cueillir à votre intention. »
Eboué-Mandela : même combat !
Nous vivons une e-poque formidable !

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