Imaginerait-on De Gaulle ou Félix Eboué voter Le Pen ? |
Il y aura bientôt 80 ans, le 1 juillet 1937, Félix
Eboué, premier noir, gouverneur général de la Guadeloupe prononçait un discours
à la jeunesse, intitulé « Jouer le jeu » et dont voici quelques
extraits :
« A cette jeunesse que l’on sent inquiète, si incertaine devant
les misères de ces temps qui sont les misères de tous les temps ; à cette
jeunesse, devant les soucis matériels à conjuguer ; à cette jeunesse dont
on veut de part et d’autre, exploiter les inquiétudes pour l’embrigader (...)
N’ai-je pas pour obligation de lui dire ; ne te laisse pas embrigader... Jouez
le jeu !
Jouer le jeu, c’est être désintéressé.
Jouer le jeu, c’est piétiner les préjugés, tous les préjugés,
et apprendre à baser l’échelle des valeurs uniquement sur les critères de l’esprit.
Et c’est se juger, soi et les autres, d’après cette gamme de valeurs. (...)
Jouer le jeu, c’est savoir tirer son chapeau devant les
authentiques valeurs qui s’imposent par la qualité de l’esprit et faire un pied
de nez aux pédants et aux attardés.
Jouer le jeu, c’est accepter la décision de l’arbitre que
vous avez choisi ou que le libre jeu des institutions vous a imposé.
Jouer le jeu, c’est, par la répudiation totale des préjugés, aimer
les hommes, tous les hommes, et se dire qu’ils sont tous bâtis selon la commune
mesure humaine qui est faite de qualités et de défauts.
Jouer le jeu, c’est respecter nos valeurs nationales, les
aimer, les servir avec passion, avec intelligence, vivre et mourir pour elles,
tout en admettant qu’au delà de nos frontières, d’authentiques valeurs sont également
dignes de notre estime, de notre respect. C’est se pénétrer de cette vérité
profonde: “Tu sauras, autant qu’il est donné à l’homme, que la nature est
partout la même..” et comprendre alors que tous les hommes sont frères et relèvent
de notre amour et de notre pitié. (...)
En juin 1940, Félix Eboué a été le premier
gouverneur à rallier De Gaulle, faisant basculer l’Afrique Equatoriale dans son
camp. C’est lui qui recrutera les premiers soldats de la France Libre en Afrique.
De Gaulle le nomma premier Compagnon de la Libération. En 1949, ses cendres
furent transférées au Panthéon, le premier noir dont la mémoire a été ainsi honorée sous
l’inscription: « Aux grands
hommes la Patrie reconnaissante ». Imaginerait-on De Gaulle ou Félix
Eboué voter Le Pen ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire