ARTE: Moi avoir peur dans jungle ! |
Est-il besoin de dépénaliser le cannabis ?
Quand on regarde la nouvelle série à succès d’Arte : « Maroni, les fantômes du fleuve » ou
le dernier essai de Michel Onfray, « Nager
avec les piranhas », on se dit que décidément l’abus de substances
illicites ou même licites provoquent déjà des ravages. Ils ont dû forcer sur le
tafia, les bouteilles de « tête marée », de rhum guyanais à 55°C, les
auteurs de ces œuvres, dont la toile de fond est la Guyane et qui sont, comment
dire…, hallucinantes ? Non consternantes.
Pauvre Guyane qui n’est que le prétexte, la
toile de fond à tous les fantasmes des occidentaux, sur la « jungle »,
les « tribus », l’enfer vert, le vaudou…
Le feuilleton d’Arte, diffusé jeudi soir, qui
a rencontré un franc succès, 4,9 % d’audience, 1million 400 000 spectateurs,
est un polar dont l’action se situe en Guyane. Soit !
Deux héros, dont une policière envoyée de France
qui accumule toutes les conneries, genre : Moi j’applique la procédure, même
face au « capitaine », au chef d’un village de « noirs réfugiés ».
Le témoin ne veut pas parler, je l’emmène au poste.
Là, on se pince: Ça se passerait en
Alsace ou en Corse, elle ne procéderait pas comme ça.
Et puis il y a le vaudou, la sorcellerie,
dont le personnage principal est le paresseux. Le paresseux ? C’est un
singe, plutôt sympa, avec une drôle de bouille, et qui comme son nom l’indique
semble paresser: Il ne se déplace que lentement et encore tous les 10 jours. Dans
la série d’Arte, il devient un instrument maléfique, instrument de scènes de
sado-masochisme exotique, mélangeant, vaudou, quimbois, sorcellerie : On a
l’impression que les guyanais passent leur temps à boire du sang de singe et à
pratiquer des rituels de sorcellerie ! Bien sûr en Guyane, il existe des croyances,
des pratiques, on raconte des histoires de soukounyans,
de maskililis. Mais sinon, c’est
décevant, non ! Les guyanais ne passent par leur temps en rituels occultes.
C’est comme Michel Onfray, qui vient de
publier « Nager avec les piranhas », un «carnet
guyanais» publié après une brève
visite en Guyane. Pour celui qui se veut anti-pensée unique, c’est un recueil d’âneries,
dont le summum est : « Les étuis péniens des indiens guyanais ».
Là, on se dit : Le mec, il a dû
passer son temps en Guyane à regarder des films X dans sa chambre d’hôtel. Ou
alors, c’est un obsédé sexuel ! Parce qu’en Guyane, les indiens ne portent
pas d’étuis péniens, ( ou alors, on l’espère, des capotes quand ils baisent) ,
ils portent le kalinbé, un pagne, souvent de couleur rouge, et dessous ils n’ont
rien, comme on a rien sous un slip ou un bermuda.
Lui, il y a vu
des étuis péniens. Peut-être a-t-il été fasciné par la bandaison des sexes des
indiens. Mais il aurait pu se renseigner !
Ce n’est pas
anecdotique. Comme pour les auteurs/réalisateurs de la série d’Arte.
Parce qu’en Guyane,
tout, ou en tout cas presque tout, a été étudié. Par des sociologues, des
ethnologues, des anthropologues, des géographes, des scientifiques ; Sur les
indiens, on peut lire les travaux de Pierre et Françoise Grenand sur les Oyampis, et sur les Wayanas et les
tribus « noirs réfugiés », les travaux de Jean Hurault, ou de Arthur
Othily de l’ORSTOM. Et même, vous savez quoi, on peut écouter ce que disent ces
indiens ou ces djukas, ou bonis qui ont fait des études, ont passé le bac, ou
même fait Sciences Po’. C’est dingue, non ? Evidemment moins exotiques que
les fantasmes des européens sur la jungle !
Comme on dit, en
créole – guyanais - Tout’ jé a jé, mè
fout roun bwa an tchou makak, a pa jé.
En gros, cela veut dire. C’est drôle un moment,
mais ensuite, y’a des limites à l’enculage !
Les vrais problèmes de la Guyane, ce n’est
pas la magie noire.
Hélas !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire