Le foot pour tout oublier ? |
Après la pluie, pardon : après le déluge, le soleil
enfin, et un concert, un megashow sous la Tour Eiffel, Paris ville lumières,
allez on danse.
Après les polémiques, les niques de Benzema et Cantona, le
foot enfin, et un beau but, des larmes de vraie joie de Payet –Paillettes-,
allez on danse.
L’euro chasse les infos. Jusqu’au 10 juillet, y’en aura plus
que pour le foot. Ce n’est pas a-normal. Après tout c’est le sport le plus populaire.
Mais c’est aussi ( surtout ?) du business. Et « on » nous bourre
le crâne avec les bleus - tous supporters- tous ensemble- tous ensemble-, « on »
fait monter la sauce, avec des suspens du style France-Roumanie,
France-Albanie. C’est pas pour dire, ni pour mépriser l’Albanie, mais dans le
genre, il y avait aussi France-Malte, ou France-Chypre, ou encore France-îles
Féroë. A vaincre sans mérite, on triomphe sans gloire … « On » ?
« On », ce sont ces grandes marques, ces grands médias qui achètent très
cher les droits de diffuser la moindre image liée à la folie foot, et qui
entendent bien maximiser leur retour sur investissement. Sous la Tour Eiffel
mais devant Mac Do, allez, on danse.
Oubliée la crise de l’Euro. Au fait, où ça en est, la Grèce
en faillite ? Et la reprise économique, partout en Europe ? Et les
élections en Italie, avec le mouvement 5 étoiles qui risque de bloquer les velléités
de réformes du premier Ministre Matteo Renzi. Le 19 juin, à Lille, on jouera
France-Suisse. A Rome, on votera pour de deuxième tour d’élections municipales
à haut risque. Allez, on danse.
Exit le possible Brexit. Le référendum en Grande-Bretagne, ce
sera le 23 juin. Les sondages sont aussi indécis que le France-Roumanie pendant
88 minutes. Si les britanniques larguent les amarres, personne ne sait vraiment
ce qu’en seront les conséquences. Une nouvelle chance pour l’Europe ?
Genre : On largue les poids morts, les ceux qui trainent du pied, et on
fait avancer la construction européenne. Ou bien, une catastrophe, avec Cameron
comme capitaine, et comme icebergs la Chine, l’Inde, les Etas-Unis, la Russie
sur lesquels nos petits pays dispersés viendront se fracasser. Comme sur le
Titanic, allez, on danse.
Oubliées les élections en Espagne. Le 25 juin, sur la
planète foot débuteront les 8 ème de finale. Et dans l’Espagne, de nouvelles
élections qui risquent d’être tout aussi indécises que celles de décembre
dernier. Bravo les indignés: Ils bloquent tout mais ne gagnent rien, si ce
n’est peut-être de permettre l’avancée des nationalistes catalans qui,
d’élections en élections, vont bien finir par détricoter l’Espagne. Mais
l’Espagne n’a jamais existé sans Catalogne, ni Pays Basque… Allez, on danse.
Oublions les grévistes de Sud ou de la CGT qui rendent un
peu aléatoire tout déplacement en France, oublions les poubelles qui
s’amoncellent, oublions Air France, oublions la grève du 14 juin, oublions les
5 millions de chômeurs, allez, on danse .
Oublions, les réfugiés, les migrants : Combien
arriveront sur les côtes italiennes, combien se noieront en Méditerranée pendant
que nous jouerons au foot ? Allez on danse.
Et puis surtout y penser toujours, en parler, jamais: La
menace de nouveaux attentats. Pendant, des mois, on nous a répété que nous
étions en guerre. Que c’était obligatoire. Que nous étions une cible. Qu’il y
aurait d’autres bombes, d’autres attaques. Tous ces stades, toutes ces
fan-zones, tous ces déplacements, autant de cibles… Danser dans ces conditions,
est-ce résister ou bien est-ce être inconscients. Alors, on danse, vraiment ?
Nous vivons une e-poque formidable.
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