Descartes : Je pense donc je tweete ! |
Quand Donald Trump veut envoyer un oukaze à Ford, il tweete.
Quand Obama veut faire ses adieux, il tweete ou il « post » sur
Instagram.
Aujourd’hui, la communication passe par le dernier media
apparu, pas seulement internet, mais au sein du web, les réseaux sociaux, et
parmi les réseaux sociaux, ceux qui sont les plus rapides, les plus
concis : Twitter, Instagram : 140 signes. Ou mieux : Une photo et un hashtag.
Pas la peine de pointer du doigt les nouvelles technologies,
ce ne sont que des technologies. Un peu comme l’électricité qui peut aussi bien
servir à la chaise électrique qu’à nous éclairer. Tout dépend donc de l’usage
que l’on en fait et là ça se complique. Contrairement à une idée reçue, il est
beaucoup plus difficile de faire court que de s’épancher. Ça demande de la
technique, du travail. Il y en a même qui tente d’en faire leur métier et on
les appelle les journalistes.
Chez nos politiques, c’est un peu la panique. Autrefois, une
seule chaîne de télé, les citoyens n’avaient pas vraiment le choix. Aujourd’hui
un coup de zapette, un clic de souris et on passe chez Hanouna. Alors ils s‘y mettent toutes et tous, à la petite
phrase, aux « punchlines » qui feront le buzz, et c’est verglas et
pluies verglaçantes toute l’année: Des dérapages :
Comme le tweet de Macron dans un avion l’emmenant aux
Antilles et parlant d’expatriation.
Comme Vincent Peillon déclarant à la télé: « les juifs à qui on mettait des étoiles
jaunes, c'est aujourd'hui un certain nombre de nos compatriotes musulmans ».
Ou la déclaration du Président du Club de foot de Metz,
sanctionné après des (graves) incidents lors d’une rencontre contre l’OL :
« C’est comme si la justice
sanctionnait le Bataclan ».
Ou encore: « Je
suis gaulliste et de surcroit je suis chrétien », raccourci un peu
surprenant de François Fillon sur TF1.
Tout le monde n’est pas De Gaulle qui alliait le fond et la
forme, capable de détourner la langue française pour en faire des punchlines de
génie, comme au moment du putsch d’Alger en avril 1961: « Ce pouvoir a une apparence: un quarteron de
généraux en retraite. Il a une réalité: un groupe d'officiers, partisans,
ambitieux et fanatiques ». Waou ! trop fort , d’autant plus que
quarteron ne veut absolument pas dire quatre, mais métis. Qu’importe: En 140
signes, De Gaulle avait clashé et cassé les généraux ! Et d’ailleurs 24 heures
plus tard, le putsch échouait.
Et puis ce n’est pas parce qu’on fait simple que l’on écrit
simpliste. On peut être écrivain et écrire en moins de 140 signes :
« On est heureux Nationale 7 »,
très belle contraction poétique de Charles Trénet chantant le route nationale
qui mène aux vacances. Ou encore Marguerite Yourcenar: « Quoiqu’il arrive j’apprends. Je gagne à
tout coup». Mais le plus fort « Je
pense donc je suis ». Descartes twitto avant l’heure. Il est vrai
qu’il y a 400 ans René le philosophe tournait 7 fois sa plûme dans son encrier
avant de se mettre à écrire.
Nous vivons une e-poque formidable.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire